Comte de Lusace, Aug. 16-31, 1740, Vienna

le 16. Aout. Je recitai le matin ma leçon au le 16e. Aout. Je sortis le matin a 9. heures de chez moi et allai entendre deux Messes à l’Eglise de Ste. Dorothée parce que il etoit demi fete comme etant le jour de St. Roque patron contre la peste. Le reste de la matinée passa à voir la gallerie Imple. des Tableaux. Ils sont en tres grand nombre mais il y a du bon et du mauvais. L’Arrangement en est assés assorti mais par ci par là avec dommage des tableaux car à quelques uns on a ajouté de la toile à quelques autres on en a oté pour les accommodes à la place.

Je ne dis point cela pour faire paroitre comme si je ne m’y etois point plus mais pour en avoir une idée.

Les dernieres Sales contiennent les plus belles pieces p.ex. La devastation de Jerusalem faite par poucin, la Chasse du Sanglier ou l’histoire d’Athalante et de Meleagre faite par Rubens, Ste. Marguerite faite par Raphael, La femme de Rubens qui sort du bain faite par Rubens, Plusieurs portraits fait par Ticien etc.

Dans les corridors il y a beaucoup de pieces de Ce qu’il y a encore de tres remarquable dans ces Sales ce sont trois tetes repret savoir des deux vieillards,

 

et d’une vielle femme de Tenier qui vit encore, auxquelles on voit les _?_ petites veines et qui sont de la derniere beauté. Dans les Corridors il y a diverses pieces de Teniers et une Ste. Vierge avec L’Enfant Jesus entre ses bras qui qui a une palme à la main et deux religieuses à ses pieds de [blank], Quatre Enfants qui jouer de Rubens, et un autre qui bat du tambour du meme maitre.

L’Empereur a faire peindre à la porte un vieillard avec Sa femme qui ont été trouvé au siege de Belgrade de L’année 1716 dont l’un avoit 172. et l’autre 160 et quelquels ans. Apres avoir vu la gallerie je m’en revins aux logis et allai peu de tems apres chez C. Nesselrode Commissaire General de Guerre qui m’avoit invité à diner et il y eut outre:

  1. Moi
  2. le Mr. le Grandmaitre
  3. le Prince Albani
  4. le C. de Bruhl
  5. le Consr. privé de Bünau
  6. Son Epouse
  7. Mr. le Nonce
  8. le Chancr. de la Cour C. Sintzendorff
  9. le C. Grundacker Stahremberg
  10. Son Epouse
  11. le C. Harrach Land-Marschall
  12. Son Epouse
  13. le President de Guerre C. Harrach
  14. le C. Konigsegg Grandmaitre
  15. le Prince d’Auersberg
  16. Son Epouse
  17. le Prince Em: Liectenstein
  18. Son Epouse
  19. le Comte Windeschgrätz
  20. Son Epouse
  21. le C. Sintzendorff Gran. Maitre
  22. Son Epouse
  23. la C. Badiani Veuve
  24. le C. Nesselrode.

Je jouai apres la table avec la Princesse Emmanuel de Liechtenstein, La Princesse d’Auersberg et la C. Sintzendorff. J’en partis à 6. heures et demi et etant rendu chez moi je fis une partie de guerre au billard. Voyes la Liste à joint sub G.G.g.

Ma maxime Spirituelle:

Ecclesia tot inter calamitates et persecutiones atrocissimas in hanc usque horam perdurare potiui.

et l’autre:

Tempora mutantus nos et mutamur in illis.

Aug 17 1740 Wien

le 17e. Aout. La messe fut au logis J’expediai ma poste et crivis une lettre au S. M. le Roi et une autre à ma tres chere Sœur Marianne, pour la felicites sur son jour de naissance qui est le 29e. d.c.

Dans la Liste ci joint sub H.H. h. sont marqué tous ceux qui ont diné à la table p__ que j’ai donné en ce jour la aussi bien que ceux qui ont été d’ailleurs chez moi.

La C. de Tisch Thierhein fit veuve fit les honneurs de la maison. On joua apres la table jusqu’à 7. heures passées et de ma partie furtent: Mesdemlles de Berthodi et de Lamberg Dames de la Cour regnante et la C. Montesanto. Je fis une partie de Guerre au billard quand le monde fut parti.

Ma maxime spirituelle fut:

Cum reliqua mundi Monarchia utut potentissimae pridem ita concid erint ut de usdem vix nomen amplius supersit; solum tamen Christi regnum quod est Ecclesia stabile, firmumque adhuc perstat.

et l’autre:

Pallida luna pluit ruticunda fiat alba serenat.

le 18e. Aout. La messe fut a Logis.

Je recitai ma leçon au R.P. Confesseur qui fut ce qui est marqué pour ce jour dans la Vera Sapentia et une bonne partie du 3e. du Cathechisme apres quoi je le il relut le journal, et je le continuai* [margin: * Je me rendis à 1. heure au Couvent de S.M. notre Impce. et eus l’honneur de m’entreten avec ma tres gracieuse Grandmere pendant une bonne heure.]

Je dinai ce jour là chez le Chansr. d’Hongrie Badthyani mais reçus auparant le monde marqué dans la Liste ci-jointe sub I.I.i. Il y eut outre moi:

  1. Moi
  2. Mr. le Grandmaitre
  3. le Prince Albani
  4. le C. Bruhl
  5. le Consr. privé de Bunau
  6. Son Epouse
  7. la C. Balthijani.
  8. le Prince Lubomirski
  9. Mr. le Nonce.
  10. le Prince Em. Liechtenstein
  11. Son Epouse
  12. la C. Lisel Althan Dame de la Cour de L’Imperatrice Amelie.
  13. Madme. Kuhnen Dame de la Cour de L’Impce. Amalie.
  14. Madlle. Erdedy Dame de la Cour de L’Impce. Amalie
  15. L’Ambassadeur de France
  16. L’Ambr. de Venise
  17. Son Epouse
  18. le C. Kinski Chancr. de Boheme
  19. le P. Son Epouse
  20. Prince Louis Hilburgshausen
  21. le C. Joseph Kinski
  22. le C. Bathyani

Le diné etant achevé on joua comme d’ordinaire, et je fis ma partie avec L’Ambassadrice de Venise la Princesse Emanuel de Liechtenstein et la C. Althan.

Apres que la partie fut finie je revins un moment au Logis et puis je me rendis un à la Favorite ou je jouai au troisept avec S.M. L’Impce Regnante, L’Archiduchesse Magdelaine et la C. Ogilvy. Je fus recus des MM.Imples. avec beaucoup et L’Impce. ayant su que j’avois ete à la Gallerie m’en parla beaucoup et je Lui repondis en conformité louant beaucoup le bon et faisant abstraction du mauvais. On parla encore de differentes autre choses et S.M. L’Impce. me dit que fort gracieusement que si j’avois envie d’entendre une epreuve de L’Opera elle le feroit savoir au Lamberg qui est le Directeur de la musique.

Ma maxime Spirituelle fut:

Non quam doctrina fidei mutatio in Ecclesia Catholica facta est.

et L’autre:

Mane rub

Nocte rubens calum, cras indicat esse serenum

Mane rubemte polo Sol dicit surgere nolo.

le 19me. Aout. Je recitai au R.P. Confesseur le 3me. Chap. du Cathechisme et ce qui est marqué pour ce jour dans la Vera Sapientia, puis j’entendis la Messe à Ste. Anne, à L’autel de mon St. Patron. Je recus le monde marqué dans la Liste ci jointe sub K.K.k. et ceux auquelles je donnai un diné prié y sont aussi tous marqué. Je fis ma partie avec la Princesse Strongoli la C. Solimbourg qui fit les honneurs de la maison et le Prince Cardines [?]. On joua jusques a 7. et ¼ passé.

On ne but point de _?_ table pour eviter tout jalousie entre la Dame à qui on la porteroit et les autres.

Je fis le Soir une partie de Guerre au billard.

Ma maxime Spirituelle fut:

Nihil Ecclesia Catholica, quod ad fidei dogmata attinet, ex priatino plendore quid quam remisit, sed soli instar tot jam seculis mane immutabilis.

et l’autre:

Ad generum Ceresis sine cede et vulner__ Descendunt reges et sicca morte tyranni.

FC to MJ Aug 20, 1740

le 20e. Aout. Apres avoir entendu la messe dans la Chappelle de la maison j’expediai ma poste en ecrivant une Lettre à S.M. la Reine ma tres gracieuse mere. J’en reçus aussi une lettre en date du 14e. d.c. puis je lus le journal et vis par là comment le Roi mon tres cher Pere avoit fait l’honneur de de au Comte Gouverneur de Dresde à la place du C. de Frisen defund, et au Chevr. de Saxe de le declarer General Lieutenant et de lui remettre le Commendement des Gardes du Corps à Cheval que le C. Rutowski avoit eu jusqu’à present. Je continuai ensuite mon journal et reçus vers une heure le monde marqué dans la Liste ci jointe sub L.L.l. et plusieurs d’entre eux dinerent avec moi sans invitation formelle. Le Prince Lobkowitz me dit que le Prince d’Auersberg et le Comte de Konigsegg qui sort__ de la Conferante lui avoit dit que L’entrée de L’Ambassadeur Turc seroit mardi prochain 23. d.c. et que tout etoit deja signé par le T__. Cela fut confirmé par une notification que le Prince d’Auersberg me fit faire sur ce sujet.

Le Comte Lamberg Directeur de La musique Imperiale vint de la part de la Cour pour me demander à quelle heure je souhaiterois d’entendre L’Epreuve de nouvel Opera* [margin: * Lundi le 22. au matin] LL.MM. regnantes ayant appris que j’etois emp__ de venir l’apres midi parce que j’avois du monde à diner chez moi. J’acceptai son offre et le priai de vouloir bien l’ordonner pour le susdit jour à 9 heures du matin et de rendre mes tres humbles remercimens a LL.MM.Imples. de la grace qu’Elle m’on bien voulu accorder de permettre si gracieusement qu’on fit l’epreuve le matin sans que je l’aise jamais demandé.

Je fis apres La table ma partie à la Guerre au Billard.

Puis je sortit a 7. et m’occupai à fair mon journal et sortis apres cela pour faire une tour vers l’Allée du Prince et prendre un peu d’air.

Je fus de retour à 8. heures et ½ environs.

Ma maxime spirituelle fut:

Haeresis Luna in morem vel mensis unius spatio aliam identidem atque aliam induit formam.

et l’autre:

Omre quod est nimium vertitur vitium.

le 21e. Aout. Je sortis le matin à 9. heures et demi passé apres avoir reçu plusieurs parens du R.P. Confesseur qui sont tous marqué dans la liste ci jointe sub M.M.m.

Je fus enstuie au Couvent ma tres de S.M. ma tres gracieuse Grandmere qui outre plusieurs choses elle me dit aussi qu’Elle souhaiteroit que je me servisse du livre qu’Elle m’a donné a Neuhaus pour m’occuper pendant la messe à la place que de mes autres prieres, sur quoi je me repondis en conformité a S.M. Imple. J’eus aussi de diner avec S.M. et ensuite en joua par deux reprises avec les Dames ordinaires. On assista aussi aux Vepres et aux Letanies et reçut la Benediction.

Je revins ensuite au logis et fus peu de tems apres à la Favorite ou j’eus l’honneur de faire ma Cour à LL.MM. Imples. regnantes, et en fus infiniment gracieuse.

Je jouai avec L’Impce. regnante et Mesdames la C. Sintzendorff femme du GrandMaitre, et la C. de Stahrenberg femme du GrandEcuïer.

Ma maxime Spirituelle fut:

Morum disciplina magnas haud _?_ vicissitudenes subit.

et l’Autre:

De internis non judicat prator.

le 22e. Aout. J’entendis la messe au Logis à 8. heures et demi apres quoi je me rendis au theatre de La Favorite ou je fus vers les 9. heures et ½ environ on commença aussitot la preuve du nouvel Opera. La musique n’en est pas trop etudié mais elle reussit à merveille à cause des belle voix qui la chantent, car outre Appianino Monticelli et Babbi il y a la premiere femme savoir la Reutterin qui a une tres belle voix. La composition de L’Opera pour ce qui regarde le libret composé par Metastasio ne sauroit etre mieux particulierement par rapport à la conduite de toute la piece. Les habits et decorations ne se verront qu’a la St. Augustin. Le theatre en soy meme est fort petit ainsi qu’il y fera bien chaud le jour de l’Opera.

Je revins vers une heure et ¼ au Logis.

Le C. Lowenwolde s’y trouva aussi et m’invita de vouloir voir l’entrée de L’Ambassadeur Turc chez Lui puisque celle ci se sera s’a du faire le jour suivant ce que j’acceptai. Ceux que je traitai en ce jour Là à un grand diné sont marqué dans la Liste ci jinte sub N.N.n.

Made. la princesse Josephe de Liechtenstein fit les honneurs de la maison et l’on but les Santés comme les autres fois. On joua aussi apres s’etre levé de table et je fis ma partie avec la Princesse Josephe de Liechtenstein, Madlle. la C. de Neselrode Dame de la Cour Regnante et la C. de Sintzendorff communement la Sch__. Il y eut aussi à diné Mad. la Comtesse Christine Breünes née Comtesse de Salm à la quelle je fis les Complimens de S.M. ma tres gracieuse mere et m’acquittai aussi de l’autre commission que S.M. m’avoit donné pour cette Dame. Je m’acquittai par là de toute les Commissions dont j’etois chargé de la part de S.M. la Reine, car je m’etois acquitté des autres à mesure que je voois les personnes.

Apres que le mond fut parti je me fis ma partie à la Guerre au billard, et me retirai ensuite.

Ma maxime Spirituelle fut:

Primorum Christianorum vivendi ratio saneta ferme eras et inculpata.

et l’Autre:

Nemo tam Divos habuit faventes

Crastinum ut posset, sibi polliceri.

Turkish ambassador

le 23e. Aout Jour de l’entrée de l’Ambassadeur Turc j’entendis la messe à 9. heures et ½ environ apres quoi je recus le monde marqué dans la liste ci jointe fut O.O.o., puis je me rendis chez le C. Löwenwolde pour y voir l’entrée. Mr. le Nonce, La C. Ottacar Stahrenberg, la C. Sintzendorff comunement la Sch__ et la C. Kowenhuller femme du Feld Marechal s’y trouverent aussi. Le C. Löwenwolde me presenta Mr. de Czernis Czernitzow Cavalier _?_ et Mr. le Baron Tallmann ci devant envoyé Impl. à Constantinople qui connoissant fort bien ce pais là m’explica tout ce qui regardoit lees Turcs pendant l’entrée. Celle-ci commence à une heure, et ½ et dura jusques à 2 heures et ½ vers les ¾ et fut pour ce qui regarde les Turcs / : fort pauvre, et mal propre, mais pour ce qui regarde les Bourgois de Vienna et les auters Chretiens qui l’accompagnoient fort propre et magnifique.

Etant retourné à trois heures chez moi je dinai avec plusieurs Cavaliers sans qu’ils aient été invité avec formalité ainsi que l’on peut le vois dans la susdite liste ci-jointe sub O.O.o.

Je fis ensuite ma partie de Guerre au billard. Le R.P. Confesseur ce trouva la meme apres diné incommode de la gravelle ce qui l’obligea de se mettre au lit. Ensuite je continuai mon journal, et pendent que je m’y occupai voici que Mr. notre cher Nonce envoy son maestro di Camera avec l’heureuse nouvelle de l’Election d’un nouveau Pape en la personne de S.E.Mr. le Cardl. Lambertini Archeveque de Boulougne. Je fis aussi tot entre le Maestro di Camera du nonce pour faire remercier son maitre de la bonne nouvelle qu’il avoit l’attention de me faire savoir aussi tot en me rejouissant avec ce digne Prelat. Peu de tems apres que le susdit Maestro di Camera fut parti le Courier de L’Empereur que le Prince de Santa Croce a expedié avec cette bonne nouvelle se presenta et me dit que S.E. le Cardl. Lamberini Archeveque de Boulogne avoit été elu Pape, ou Vicaire de N.S.J.C. le matin du 17e. d.c. et que Sa Sainteté avoit pris le nom de Benoit XIV comme etant creature de Benoit XIII. Je ne puis point m’empreché de dire que cette nouvelle m’a causé une joye e un contentement inexprimable de sorte que j’en rendis aussitôt graces au Seigneur.

Ma maxime spirituelle fut:

Semper in ecclesia extitere atque hod _?_ existunt non pauci qui primorum Christian__ virtutem et sanctitatum strenc_ emulant__

et l’autre:

Nulla dies abeat qua non sit linea ducta.

le 24e. Aout. Fete de la St. Barthelemi. J’expedia le matin ma poste et ecrivis une lettre à S.M. le Roi.

Le R.P. Confesseur se trouvant encore avec de grandes douleurs de gravelle fut obligé de garder le lit.

J’entendis deux Messes à l’Eglise des Peres Servites Eremites dans la Rossau. J’eus quelques Dames et Cavaliers à un repas ainsi qu’on pourra le voir dans la liste ci jointe Sub P.P.p.

Mad. la Comtesse de Fritag fit les honneurs de la maison.

On joua jusqu’à 7. heures et de ma partie furent la C. Fritag, la C. Gundacker _?_ et la C. d’Ot.

Apres que le monde fut parti je fis une partie au Billard et me retirai ensuite.

Ma maxime spirituelle fut:

Homines mundo despectos, pauperes et ignobiles idololatriam, quæ ta maltas ubique radices egerat, potentissimis mundi Monarchis moni openisuque obluctantibus, eradicare, ac Religionem, sensibus et carni usque adeo repugnantem invehere potuisse, non humanæ industriæ, sed divinæ opus potentiæ fuerit necesse est.

et l’autre:

Magnus Alexander, corpore parvus erat.

le 25e. Aout. Ayant entenu la messe au logis je continuai mon journal.

Le R.P. Confesseur ne _?_ encore venir pres de moi mais il se portoit cependant un peu mieux.

Je recus le monde ainsi qu’il est marqué dans la liste ci jointe sub. Q.Q.q.

Ceux qui dinerent aupres de moi à une table privé [?] aussi marqué dans la susdite Liste. La Comtesse Palfi fille de la Princesse M___ Esterhasi fit les honneurs de la maison.

Les dames jouerent apes la table mais je partis aussi tot de chez moi. S.M. notre Imple.  m’ayant donné l’heure a 5. heures pour etre au Couvent et Lui faire ma cour.

S.M. eut la bonne de me parler pendant une bonne heure et de differentes choses entre autres de certaines Chenilles que dont L’Imperatrice veut me charger pour que je les remette à mon retour en Saxe entre les mains de S.M. la Reine ma tres gracieuse mere.

S.M. L’Imperatrice Regnante m’ayant donné l’heure a 7. heures je me rendis à la Favorite.

S.M. L’Imperatrice me fit dire par Sa Grandmaitresse que je n’avois qu’a entrer dans Sa chambre au lit ou etant venu L’Imperatrice s’assit avec moi et me parla pendant un bon quart d’heure avec beaucoups de bonne me temoignant entr’autre L’estime qu’Elle comservé toujours pour le Roi et la Reine mes tres chers Pere et Mere.

Quelque tems apres S.M.I. fit appeler les Archiduchesses et la Grande Duchesse, et celles-ci etant venus elle sortit dans la Chambre appellée le SpiegelZimmer ou L’Imperatrice fit Sa partie de jeu au troissept avec moi, la C. Kinski, et la C. Thierheim veuve. L’Empereur survint vers les 8. heures et demi et S.M. me gracieuse infiniment.

Je revins a 9. heures au Logis et ma maxime Spirituelle fut celle qui suit:

Divina potentiæ per vias mundi prudentiæ ac sagacitati inaccessas prorsus et incognitas imo in speciam contrarias ad propositam sibi metam certissime novit pertingere.

et L’autre:

Sta pes, Sta mi pes nec labere mi pes

Ni tu stes mi pes lectus erunt lapides.

le 26e. Aout. La messe fut comme de coutume à S. Anne et ensuite je me rendis au Tresor Imperial qui est dans la Burg Imple. du coté du jeu de paume. Il y a des tres belles choses dans se tresor.

Ce qu’il y a en y voir n’est pas s’y remarquable par Sa beauté que par son ouvrier, y ayant plusieurs pieces tournées par les Emprs. Ferdinand 1. et 2d. par L’Electeur de Saxe Jean George 1er. et par d’autres Princes. Il y a beaucoup de montres de differentes façons en or et en argent.

Le plus remarquable du tresor pour ce qui regarde le profane /: car il y a des choses Sacrée comme par ex: des Reliques dont nous parleront plus amplement ci-dessus :/ est un armoire rempli de piereries ou il y a entr’autre un file de 24. perles graces comme une petite noisette. Outre cela une perle d’une grandeur tres rare qui seule à été estimé 25000 Ecus. De plus une Agraffe d’Emerodes tres belle que L’Empereur a porté sur son bonet quand il fut habille à l’Hongroise au Couronnement de Presbourg outre plusieurs autres piereries comme die HaußPerle. On appelle ces grosses perles dont j’ai parle ci dessous die HaußPerle. En voilà aussé assé du tresor profance passons à l’heure qu’il est au Sacré.

Il y a dans celui-ci une telle quantité de Saintes Reliques qu’on ne sauroit les remarquer toutes. Je me contenterai donc d’en remarquer les principales, mais en parlant des celles ci je remarquerai diverses autres pieces dignes d’attention. Il y a parmi cette grand quantité de reliques le Cloux qui a passé la main droite de N.S.J.C. Du Sang precieuse de N.S.J.C.

Un Crucifix qui a la langue hors de la bouche. I est de metal et est certainement celui qui doit avoir parlé au dernier Empereur Ferdinand lorsque les rebelles assiegerent Vienne, et Lui dit ces propres paroles:

Ferdinande non tedeseram.

Au reste le garder du tresor ne peut pas me dire distinctement le nombres autres reliques.

J’ai oublié de remarquer en parlerant du tresor profane deux tres beaux tablaux du fameux Corregio dont l’un represente Ganymede et l’autre La Io.

Je retournai ensuite chez moi et le Comte Lamberg directeur de la Musique Imperiale me presenta le meme matin les Livrets de L’Opera de Zenobia. Je sortis a 9 heures et ½ de chez moi et y revins a 2. 1. heure et ½, passé :

Mad. la Princesse Emmanuel Liechtenstein vit le tresor avec. moi.

S.M. le Roi mon tres cher Pere ayant parmi au Baron d’Erfa de me donner un diné pendant mon Sejour à Vienne, et cell ce dernier m’ayant invité pour ce jour là je m’y rendis a deux heures; il y eut outre:

  1. Moi
  2. Mr. le GrandMaitre
  3. le Prince Albani
  4. le C. Bruhl
  5. le Prince d’auersberg
  6. Son Epouse
  7. le Prince Em. Liechtenstein
  8. Son Epouse
  9. le C. Gundacker Stahemberg
  10. Son Epouse.
  11. le C. Harrach LandMarschall
  12. Son Epouse
  13. le Chancr. C. Sintzendorff
  14. le C. Sintzendorff Gr. Maitre
  15. Son Epouse
  16. Mr. notre cher Nonce
  17. le Prince Lubomirski
  18. le C. de Konigsegg Gr. M.
  19. le Consr. privé d’Erfa
  20. Son Epouse.

On joua apres la table et je fis ma partie avec la C. Sintzendorff femme du GrandMaiatre, la Princesse d’Auersberg et Mad. d’Erfa.

Je priai tous leur Ministres de Conference en leur signifiant mon prochain depart de cette Residence Imple. de conserver toujours le meme attachement qu’ils ont temoigné jusqu’à present pour le Roi mon tres cher Pere et toute ma maison qu’ils en temoigné pour elle jusques à present pour Elle. Apres etre retourné chez moi le C. Lamberg Directeur de la Musique vint chez moi pour prier que l’on envoya quelqu’un pour voir ma loge et y faire changer ce tems ce qui pourroit servis pour ma plus grande commodité.

Le C. de la Peruse Envoyé de L’Electeur de baviere vint aussi le meme soir et donna une tabattiere d’or garnie de brillants de la part de Son Maitre a Mr. le Grandmaitre en memoire de l’aggrement que L’Electeur à eu du ministere de Mr. le Grandmaitre à Sa Cour.

Ma maxime spirituelle fut:

Ecclesiam Catholicam acetam […]

et L’Autre:

In Crathera meo Thethis est conjuncta Lieo: Est dea juncta deo, sed dea maior eo.* [margin: * Voyer la liste ci jointe sub. R.R.r.]

le 27e Aout. La Messe fut comme à l’ordinaire et je reçus ensuite deux tres grati gracieuses lettres, une de S.M. le Roi, et l’autre des S.M. la reine mes tres chers Pere et Mere. La premiere est en date du 22e. de.c. et il y avoit une incluse pour S.M. notre Imperatrice, et La deuxieme est en date du 21e. d.c. et y il y avoit une incluse pour S.M. L’Imperatrice regnante. J’ecrivis le meme matin à S.M. la Reine et lui accusai la reception des ses ces lettres.

J’appris aussi que le Pape avoit fait les promotion suivantes:

Segretario di Stato – le Card Valenti

Segretario de’ Memoriali – Mgr. Levizani

Segretario della Cita [?] L’Abbé Rota

Datario – le Card. Aldrovandi

Cancelliere – le Card. Ruffo

Maestro di Camera – Msgr. Colonna di Sciarra

Arciprete di S. Giov. Lat. – le Card. Corsini

Chierico di Camera – Msgr. Flavio Chigi. [marginalia]

et on suppose Auditor della Cambia Chierico di Camera Mgr. Carraciolo Santobuono

outre plusieurs qui ont été confirmés dans Leurs ancienne charge.

Je reçus ce jour là le monde qui est marqué dans la Liste cijointe sub S.S.s. Ceux qui dinerent avec moi y sont aussi marqué. Nous jouames apres diner au billard apres quoi je continuai mon journal et fis le soir une autre partie au billard.

Ma maxime Spirituelle fut:

Quod ad septentrionem extremumque Europa angulum clero religiosisque familiis atque Ecclesiae Catholicae subtraxerat haeresis, Deus abunde xerat heresis resarciebat ad meridiem orientem et occidentem tot centenis animarum millibus ad Ecclesiam Christique ovile ad ductis.

et L’autre:

Valo Volat irrevocabile tempus.

Luca_Antonio_Predieri_-_Zenobia_-_titlepage_of_the_libretto_-_Vienna_1740

le 28e. Aout. Jour de Naissance de S.M. L’Imperatrice Regnante j’enten tout le monde se mit en Grand Gala et je me rendis a midy environ à la Cour pour feliciter S.M.I. et toute la famille Imple. sur ce grand jour. Je fus reçu de LL: MM: Imples. avec beaucoup de bonte et de graces /: J’avois entendu deux messes avant que d’aller à la Favorite à l’Eglise de Ste. Anne puisque c’etoit Dimanche : / LL. MM. s’etant mis a table je partis de la Cour et allai diner chez le C. de Konigsegg au jardin du Prince Trautsaun [sic] ou il m’avoit invité de venir. Il y eut à ce diner les Ambassadeurs et toutes les charges des deux cours regnantes. Le diné finit a 3. heures et demie et puis tout le monde se rendis au petit theatre de la favorite ou l’on representa l’Opera de Zenobia qui reussit qu’on ne peut pas mieux pour ce qui est des voix, habits, et decorations. MM. Imples et la familles Imple hormis le Duc furent de au Parterre derniere l’Orquestre à Leur droite de coté etoient les Ambassadeurs savoir le Nonce, et celui de France. Derriere LL. MM. Imples etoient les Princesses, les Dames de Cour et les Dames de la ville qui etoient venu avec la Cour au theatre sur 9. bancs dans le premier desquels etoient toutes les princesses et dans les 8. autres les Dames de la melées avec celles de la ville. Il y avoient outre cela beaucoup de Dames et de Cavaliers qui n’avoient point suivi la Cour et celles et tout ce monde etoit range sur L’Amphitheatre qu’on avoit bati expres avec cette distinction que ceux qui etoient de la premiere qualité etoient sur les aux premiers places et les autres à proportion. L’Empr. deputa deux chambellans savoir le C. de Bergen et le C. de Lamberg pere de Madlle. Lamberg Dame de la Cour regnante pour placer le monde. Le Duc etoit place dans une loge qu’on avoit construite pour lui sur la terrace qui est vis à vis du theatre et à coté de la gallerie ou LL: MM. Imples soupent.

On avoit construite une autre loge pour moi en ouvrant une fenetre à coté gauche du theatre du coté du jardin par laq lequelle j’y entrai. Elle etoit batie de façon qu’on jouissoit fort bien et du theatre et du parterre.

Le R.P. Confesseur vint apres l’Opera qui finit à 9. heures ayant duré 4. heures et ½ pour prendre congé de moi puisqu’il part le jour suivant.

Ma maxime Spirituelle fut:

Licet omnis haeresis schisma quoque fit: non tame vicissim omne schisma est haersis

et L’Autre:

Iam mea non mater versituabor ego.*

[margin: * Voyes la Liste ci jointe sub. T.T.t.]

le 29e. Aout. Toute la matinée se passa à recevoir du mon de ainsi qu’il est marqué dans la liste ci jointe sub U.u.u. et cette occupation de recevoir le monde dura jus depuis neuf heures du matin apres que la messe fut entenduë dans la chappelle de la maison jusques vers midy.

Mr. de France Valet de Chambre de Notre Imperatrice qui fait la fonction de son caissier m’ayant prié de venir voir son Cabinet j’y allai ce matin là avec l’Aggrement de ma tres gracieuse Grandmere et y trouvai de fort belles choses pour un particulier. Il y a par ex. des idoles d’Egypte avec leurs gyroglifs qui est le caractere de l’Antique grands et petits. Un minieral tres beau parce qu’il est cru d’une maniere fort curieuse. Item des tableaux du Rubens, du Paul Veronese, de Raphael d’Urbino et de plusieurs autres bon maitres. Il y aussi des medailles asses rares en argent et en plomb cuivre. Il avoit aussi un manuscript fort ancien qu’il a acheté depuis peu et duquel il me fit present.

Apres avoir fini de voir ce Cabinet qui ne laisse pas d’avoir son merite je retournai un momment chez moi puis j’allai diner chez le Prince Emmanuel de Liechtentein avec les personnes suivantes car outre

1. Moi il y eut

2. [blank through end of list]

3.

4.

5.

6.

7.

8.

9.

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Je dus partis vers la moitié du 2e. Service à cause que LL.MM.Imples regnantes m’avoit donner l’heure a 3. heures et ¾ pour mes audiences de conge. Je me rendis donc à l’heure marqué à la favorite et le Ceremonie pour ce qui regard les antichambres c’est à dire la reception et l’introduction fut observé tant aupres l’Empr. qu’aupres des Archiduchesses de la meme facon comme aux premiere mais quand je fus à la porte de la retirade de L’Empr. S.M. vint à ma rencontre, et je Lui baisai aussi tot la main. Je fis ensuite mon tres humble compliment de remerciment* [margin: * pour toutes les graces que j’avois recu pendant mon sejour en son Imple. residence et me recommendant de plus en plus à L’honneur de Ses graces Imples comme aussi] en temoignant a S.M.I. que quoique je ressentois un plaisir et joye infini de repondre en peu de pars mes trois chers Pere et Mere je ne pouvoir neamoins m’empeché d’etre infiniment touché de ce que je devoir me separer de LL.MM.Imples. desquelles j’avois été comblé de tant de bienfaits, lesquels je n’oublierois jamais de ma vie en ayant continuellement un souvenir tres respecueux.

L’Empereur me repondit sur cela tres gracieusement et d’un air affable que S.M. avoit eu plaisir de me voir a la Cour et qu’elle etoit fachée de ce que j’en partois si tot. Que je pouvois etre assure de Sa Protection Imple et que je devois dire de Sa part à LL: MM: mes tres chers Pere et Mere que S.M.I. se seroit un plaisir de pouvoir lui faire connoitre dans tout les occasions l’estime et L’Amitié quelle a et aura toujours pour LL. MM. et la bonte que L’Impr. aura toujours pour toute leur maison sur cela je repondis que S.M. pouvoit etre tres persuade d’un veritable attachement du Roi et de la Reine et d’une tres humble reconnoissance de comme aussi d’un tres respectueux attachement de moi et de tous mes freres et sœurs.

L’Empr. ne me fit point asseoir mais avoir fait les complimens ci dessus m’entionnés S.M. me conduit elle meme du coté de L’Impce. par ses retirades.

Etant venu là je fis environ le meme compliment de remerciment à S.M. L’Impce. la priant de plus de vouloir bien accorder me faire L’honneur de Sa protection aupres de Son Auguste Expouse.

Elle me repondit tres gracieusement sur cela qu’Elle avoit deja eu occasion de connoitre ma mon tres respectueux et sincere attachement pour LL: MM. Imples et toute leur Auguste maison et qu’Elle me prioit de vouloir assurer le Roi et la Reine mes tres chers Pere et Mere que S.M.L’Impce. embrasseroit avec plaisir toute les occasions qui pouroient se presenter pour temoigner a LL: MM L’Estime et l’amitié qu’Elle a et aura toujours de Leur Personnes Royales et que je devois moi meme etre persuadé de ses bonnes graces e faire des complimens de Sa part à tous mes cher freres et sœurs.

Apres les complimens qui surent faits de part et d’autre debout LL.MM. Imples s’assirent sur des chaises à bras mises sur une meme ligne, et m’ordonnerent de m’assois aussi moi. Ma chaise etoit postée vis a vis et avoit aussi les bras.

Tant L’Empr. que L’Impce. me gracieuserent infiniment, et j’eus l’honneur de rester un bon quart d’heure avec LL: MM. Imples. Lorsque je me raccommendai de rechef à l’honneur de leur bonnes graces, et Protection S.M. L’Empr. m’embrassa j’ose dure tres tendrement et me fit un magnifique present consistant en une bague d’un gros brillant et S.M. L’Impce. m’assur__ de nouveau tres affablement de l’honneur de ses bonnes graces et puissance protection me fit present d’une tres belle canne avec un pomeau de crystal de roche en figure d’une Syrene garni de brillants rouges et blancs.

En sortant de chez L’Impce. je passai par les Antichambres de S.M. ou la GrandeMaistress Princesse d’Auersberg et toutes les Dames de la Cour prirent congé de moi, et passai ensuite du coté de la Grande Duchesse ou je fus reçu par le GrandMaitre C. Herberstein, etc. comme la premiere fois. Je pris congéde de en meme tan .. des autres deux Archiduchesses Marianne et Magdelaine qui se trouverent chez la Duchesse et les priai toutes de vouloir par leur protection me conserver à l’aven__ les bonnes graces de LL: MM. Imp:les Elles ma repondirent fort poliment là dessus que je pouvois bien etre assuré de leur amitié et que je n’avois pas besoin de leur intercession d’aupres de Leurs augustes Pere et Mere qui tous les deux avoient beaucoup d’estime et d’amitié pour ma maison. Je leur temoignai aussi que j’embrasserai tres volontiers les occasions qui se presenteroient pour montrer mon attachement à la maison Imple. pour faire ma Cour à L’Empr. et à l’Impce de meme que pour assurer de mes devoirs Mesdames les Archeduchesses surqui Elles me repondirent fort congruement. Comme il y avoient aussi les Princesse filles de la Duchesse et le Prince Charles de Lorraine on ne s’assit point mais apres avoir tenu les discours ci dessus marquées je pris congé de jeune princesses et du Prince et m’en allai ensuite la Duchesse m’ayant temoignée qu’Elle devoit aller rejoindre LL: MM. Imples qui allerent vers les cinq heures du Soir à une epreuve de Canons et de mortiers apres lesquelles il y eut un petit feu d’artifice et je peut dire que le tout ne reussit pas trop bien aussi n’etoit-ce que un feu fait par des ecoliers. Ce fut du coté de Nussdorff à on avoit eu L’attention de batir outre la tente ou etoit la Famille Imple. ou une autre pour moi et pour ceux de ma suite. L’Impce. regnante me fit l’honneur et la politesse de m’envoyer par un page toute sorte de rafraichissemens.

Ma maxime Spirituelle fut:

Her Hæreticus est qui vel in unico fidei articulo ab Ecclesia Catholica dessentia.

et l’autre:

R. habet ausonicum liber hic hebet Rq pelascum

R. habet habræum prætereaq nihil.

le 30. Aout. Je recus le matin apres la messe le monde qui est marqué dans la liste ci jointe sub W.W.w.

Liste WWw

S.M.L’Impce. Amalie ma tres gracieuse Grandmere ayant ordonné que je soye à 11. heures à Son Couvent je m’y rendis à l’heure nommé et eus l’honneur de diner avec S.M.I. On joua comme les autres fois au troissept et puis apres S.M. parla avec Mr. le GrandMaitre sur differentes matieres, et ensuite avec moi me repetai sur tout de continuer la pieté que l’on m’a inspiré des ma jeunesse et d’etre bien sur mes la gardes de et ne pas me laisses trompes par les flateurs et plusieurs autres ammonitions fort salutaires que je promis d’observe tres exactement d’autant plus qu’Elle me venoirent de la bouche d’un Grandmere que j’honore respecte et aime si veritablement de cœur comme S.M. notre chere Imperatrice. J’avois deja montré a S.M.I. les presens magnifiques de LL: MM: Imple. regnantes et Elle en ajouta un 3me. consistant en un Cailloux de Vienne enchasses en tabattiere dans la quelle il y avoient deux boutons à chemise tres magnifiques de brillants.

Je ne saurois exprimer combien m’a été sensible la separation d’une si chere Grandmere de laquelle j’avois recu tant de graces et si j’ose dire d’attention. S.M. le Roi ayant envoyé de magnifiques presens à distribuer à differentes Dames je les distribuai selon qu’ils etoient marqué. Ils consistorent tous en poisons de brillants dont l’un etoit pour la Princesse Esterhasi Grande maitresse de L’Impce., l’autre à la Comtesse Nadaste, le 3me. à la C. Dietrichstein qui avoit cede son quartiers dans la maison de Mr. le GrandMaitre le 4e. pour la premiere femme* [margin: *Zuckmündl] de chambre Kircherin qui servent L’Impe. dans le Couvent outre une tabatiere et montre de Jaspe garnies de briillants, au Prince Emmanuel de Liechtensein un tabatiere d’or garnie de brillants, au C. Lenghorn GrandMaitre de la Cuisine de L’Impce: et enfin une bague d’un brillant jaune garnie de petits blances au ‘c. Lamberg Directeur de la Musique Imple.

Le Je reçus au retour du Couvent ainsi qu’il est marqué dans la Liste ci jointe sub W.W.w.

Le Prince Emmanuel C. de Liechtenstein donna le soir une assemblée à mon honneur. Toute la noblesse de la Ville s’y rendit jusqu’à Made. Gundacker Stahrenberg qui depuis quelques années ne s’etoit rendu à aucune assemble ni autre fonction publique, hormis les dinés. Il est à remarqué que tous les Ambrs. ont été à cette assemblée hormis celui de France quoique Made. son Epouse y ait été.

Je montrai à tout le monde les magnifiques presens que j’avois reçus et lorsque je fus au logis le nonce et L’Ambr. de Venise vinrent chez moi pour prendre congé.

Ma maxime Spirituelle fut:

Quemadmodum non nisi unus est Deus, ita pariter non nisi una pariter fides esse potest.

et l’autre:

Cunctamdo restituit tem.

le 31e. Aout. Le Prince de Liechtenstein vint le matin prendre congé de moi de meme que plusieurs officiers. Ils entendirent la Messe avec moi et je partis a 7. heures du matin.

Quand nous fumes arrivé aux moulins passé les ponts du Danube, Mr. le Nonce qui d’y etoit trouvé prit encore congé de moi. En arrivant à Hollabrunn a 4. postes de Vienna je trouvai le C S.M.I. L’Empereur ayant ordonné que les Comissaires de Quartiers ou des Cercles viennent me recevoir et m’accompagner par leur districtes comme pour la Reine ma sœur malgré que je voyage incognito, le C. de FunftKirchen Chambellan de la Majesté et Comissaire du quartier par lequel je passai en Autriche. Il dina avec moi de meme que le C. de Hardeck Chambellan de L’Impce. ma tres chere Grandmere qui avoit été envoyé jusque là pour me souhaiter encore une fois un bonne voyage de la part de S.M.I. et me dire de Sa part qu’Elle desiroit d’avoir de mes nouvelles par Mr. le GrandMaitre chaque fois qu’il y auroit occasion par quelque poste que nous rencontretions en chemin; ce que je le priai d’assurer au L’Impce. Je continuai vers le 4. heures mon voyage et arrivai heureusement en deux heures de tems a Pulckau d’où j’expediai aussitôt le Chambellan C. de Bruhl à Vienne avec des Lettres de remerciment pour LL:MM: Imples.

Le Comissaire C. de Funftkirchen qui m’avoit suivi jusqu’ici soupa avec moi.

Ma maxime Spirituelle fut:

Ubi plures sunt fides, jam incipit nulla esse fides

et l’autre:

Filioli emula imi charismata meliora.

 

 

 

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Comte de Lusace

Friedrich Christian (Sept. 5, 1722- Dec. 17, 1763) was the eldest son of King August III and Queen Maria Josepha of Saxony/Poland. Sickly at birth and crippled by what was described at the time as "palsy", he toured Italy in 1738-40 on a quasi-Grand Tour-cum-pilgrimage and cure, aged 15-18. Traveling incognito as Comte de Lusace, he departed Dresden on May 13, 1738 in the company of his sister, Maria Amalia, the new Queen of Naples, for a four-week journey via modern-day Czech Republic, Austria and Slovenia to arrive in Naples on June 22, 1738. Following a cure on Ischia (July 12-Sept. 23, 1738) and a period of recuperation in Portici and Naples (July 23-Nov. 15, 1738), the prince sojourned for a year in Rome residing in Palazzo Albani alle Quattro Fontane (Nov. 18, 1738-Oct. 14, 1739). After Rome, he toured Tuscany, Lombardy and the Veneto (Oct. 14-Dec. 21, 1739) before floating into Venice for six months in Ca'Foscari (Dec. 21, 1739-June 11, 1740). Prior to returning to Dresden on Sept. 7, 1740, the prince spent two months in Vienna with his grandmother, Dowager Empress Wilhelmine Amalia. Three unpublished diaries written by the prince and two members of his entourage offer parallel accounts of each day of a unique tour of Italy and are presented here in the form of a blog, together with auxiliary documentation and illustrative material. NB: Inaccuracies, idiosyncrasies and misspellings are retained; some writing is bound into the margins and illegible. Autocorrect has occasionally introduced misspellings for which I apologize.