Comte de Lusace, Journal de la Neuvaine, Rome, Oct. 4-13, 1739

Monday, Oct. 5, 1739

Le 5e. Premier jour de la Neuveine j’appris par cœur la premiere Circonstance, qui aggrave le peche favoir le lieux. Ces [illegible] ont eté composées par le P. Pinamonti [Giovanni Pietro Pinamonti (1632-1703)] de la Compagnie de Jesus. 

Je fis cela pendant que je m’habillois. Mes prieres ordinaire suiverent aussitôt.

Je me confessai peu de tems apres et fis mes devotions à L’Autel de St. François Xavier al Gesù ou j’entendis deux Messes.

Le Rme. P. General vint me voir de bonne heure et me presenta deux belles Reliques de la Chair de St. François Xavier. 

Je dis sabord apres mon retourne de L’Eglise Laudes, Primes, Tierce, Sextes et Nones de L’Office de la tres Ste. Vierge avec le R.P. Con- [fol. 1b] Confesseur qui ecouta puis ma leçon Spirituelle et en me l’explicant il appliqua point par point à la vie de St. François Xavier et me demontra comment mon St. Patron les a tous observé. 

Le Rme. P. General retourna vers le midi chez moi et je dinai avec Lui, Mr. Le Grand Maitre et le R.P. Confesseur.

Je fus apres le diner me promener dans le jardin de la Maison en compagnie de Mr. Le Grand Maitre, du R.P. Convesseur et du P. Timoni. Je fus aussi au Choeur saluer le St. Sacrement.

Aussitôt que je fus monté dans ma chambre je dis vepres et Compiete avec le R.P. Confesseur et allai dabord apres cela al Gesù ou je recitai les chappelles comme je le fais journellement et les litanies de la tres Sainte Vierge. Je lus apres cela la premiere editation du P. Mariani qui traia de la Vie Innocente de St. Francois Xavier. 

Le 1r. point me proposa Son Innocence le 2e. comment il a taché d’eviter [fol. 1b/v] d’eviter tous les dangers qu’il y a de la perdre et le 3e. les moïens dont il s’est servi pour s’y conserver.  

Au retour je dis Matines et Laudes pour le jour suivant avec le R.P. Confesseur et soupai apres cela avec Mr. Le Grand Maitre, le P. Timoni et le R.P. Confesseur.

Le P. Orlandi me vint trouver apres souper lorsque le Rme. P. General etoit chez moi et le P. Casotti Provincial de la Province Romaine vint aussi le meme jour me voir.

Je fis avant que de me coucher mon Examen avec le R.P. Confesseur.

Tuesday, Oct. 6, 1739

Le 6e. J’appris pendant qu’on m’habilloit les deux autres points de la lecon Spirituelle contenant les deux autres Circonstances qui aggrave le peche, savoir le Tems, et les aedes. Le R.P. Confesseur vint me dire le bon jour de meme que Mr. Le Grand Maitre et j’allai ensuite al Gesù ou j’assistai a deux Messes qui furent dites a l’Autel de mon St. Patron. Je [fol. 2a] Je dis pendant la premeiere mes prieres ordinaires et pendant la deuxieme le Chappellet et les Litanies de Nôtre Dame. Quand je fus retourné au Logis le R.P. Confesseur vint chez moi et ecouta dabord ma lecon Spirituelle, et dit ensuite des remarques sur son contenu les appliquant toutes à Saint François Xavier. Il dit aussi Prime, Sextes Tierce, Sexte et Nones avec moi.

J’allai dabord apres midi à table et dinai avec Mr. Le Grand Maitre, le R.P. Confesseur et le P. Tschiderer [Leonard Tschiderer (1683-1752)] Secretaire de la Compagnie de Jesus. Nous parlames apres le diner pendant environ un quart d’heure ensemble et je fus apres cela en haut ou logent les novices et j’en entendis precher deux en passant. Mr. Le GrandMaitre et le P. Timoni furent avec moi.

Le R.P. Confesseur me vint trouver [fol. 2a/v] trouver lorsque je fus retournai dans ma chambre et nous dimes Vepres et Compiete apres quoi j’allai al Gesù ou je dis le Chappellet et les Letanies [sic] comme ce matin et lus le deuxieme Consideration du P. Mariani qui me proposa dans le premier point les grandes austenté que St. Francois Xavier a pratiquées, dans les 2e. celles qu’Il pratiqua parmi ses grandes fatigues et dans dernier celles que Mon St. Patron Pratiqua parmi ses grandes fatigues par des motifs excellens.

A peine fus je retourné au Logis que je dis aussitôt matines et Laudes pour le lendemain en Compagnie du R.P. Confesseur et aller apres cela à table. Je soupai avec Mr. le Grand Maitre, le R.P. Confesseur et le P. Orlandi. Le Rme. P. General vint me voir [fol. 2b] voir quand nous nous levames de table. Le P. Canzeta di-devant Vice Recteur du Noviciat etant d’intention de partir le jour d’apres pour Florence en Compagnie du P. Orlandi, du P. Roti qui est malade, et d’un frere novice vint prendre congé de moi. Nous partimes ensemble pendant un gros quart d’heure environ et le Rme. P. General s’etant retiré avec les autres Peres, je fis mon Examen comme ces autres jours en presence du R.P. Confesseur.

Wednesday, Oct. 7, 1739

Le 7e. J’appris par Cœur le Paragraphe qui traite de ce qu Dieu haït le peché. Je fis mes prieres ordinaires et apres que je fus habillé le Rme. P. General vint chez moi et en me felicitant sur l’heureux jour de la Naissance de S.M. le Roi mon tres cher Pere, il me donna mille messes qui fera lire pour LL: MM. le Roy et la Reine comme aussi pour moy.

J’allai [fol. 2b/v] J’allai ensuite al Gesù et entendis les deux messes de la meme maniere que le jour precedent.

Le P. Recteur du College Nazarin s’etant trouvé dans mes chambres avec le P. Idelfonso ils prirent congé de moi. Le R.P. Confesseur vint chez moi peu de tems apres et je lui recitai ma leçon Spirituelle. Puis il me parla de La grace que Dieu despence egalement à Chacun en Lui donnent les moiens necessaires pour se sauver. Il ft pour me faire mieux comprendre cette verite une comparaison entre trouver Cavaliers p.e. qui L’un et l’autre recevoient egalement une certaine somme d’Argent la quelle ne suffissoit point à L’un, mais la quelle suffifisoint à L’Autre pour vivre honêtement,mais disoit-il le troisieme  qui n’a pas reçu rien davantage des deux premiers a su si bien mener le menage que [fol. 3a] non seulement la somme lui suffisoit, mais qu’il avoit meme fait du grand profit. C’est ainsi continua-t-il qu’il arrive avec nous autres hommes les uns ne font point du profit de la grace Divine c’est à dire ils ne cooperent point du tout a la grace du Seigneur ne pensant qu’a ce monde ici et negligeant leurs interets pour L’Autre, les autres y cooperent mais ils n’y cooperent pas infiniment c’est à dire comme il faudroit le faire pour meriter un grand dignes de gloire de sorte qu’ils sont à la verite admis dans le Royaume des Cieux mais sans que le Bon Dieu fasse des miracles par miracles par leur intercession, les troisiemes sont ces Bienheureux ou Saints qui pendant leur vie ont cooperer de sorte à la grace du Tres-Haut de façon qu’ils ont merité par là une grande gloire dans L’Autre monde. Il m’expliqua cette [fol. 3a/v] cette Comparaison beaucoup mieux par une deuxieme comparaison que Son Pere Spirituel lui dit un jour lorque [sic] le R.P. Confesseur faisoit les exercises et [illegible] Il etudoit la Theologie.

La Voici: Si un Prince appelloit aupres de Soy un pauvre graçon et lui disoit en l’introduisant dans Son tresor qu’il prenne tout ce qu’il peut amasser en un quart d’heure de tems et si le garçon regardoit un miroir, une montre ou quelque autre chose de pereil jusqu’à ce que le tems determiné [illegible] passé et que les gens de la maison ou bien le maitre en personne venoit pour le chasser seroit-il excusait non certes. Les Sr. n’ont pas fait rien / : et surtout St. François Xavier entre mela le R.P. Confesseur : / mais ils ont fait tout le contrare. 

Nous [fol. 3b] Nous continuames ensuite L’Office de la tres Ste. Vierge et recitames, Prime, Tierce, Sexte, et None. Il resta encore avec moi jusques vers l’heure du diner en me lisant differens beaux Psaumes. Le P. Girolamo Bichi Compagnon du P. Campana Vice Recteur de cette maison dina avec moi de meme que Mr. le Grand Maitre et le R.P. Confesseur.

Apres la table je fus à la promenade au jardin avec Mr. le Grand Maitre et le P. Timoni.

Je dis ensuite L’Office avec le R.P. Confesseur c’est à dire Vepres et Compiete, et fus au paravant au Chœur saluer le Tres St. Sacrement.

Le R.P. Confesseur etant parti je reçus le P. Augusti qui est venu pour me feliciter sur le jour d’aujourdhui. J’allai peu de tems apres al Gesù, j’y fis mes prieres comme les autres jours et la Meditation que je lus me proposa 1o. L’Umilité de mon cher St. en L’Amour de [fol. 3b/v] de la Pauvreté, 2o. Son Umilité en la fuite des honneurs et 3o. L’Umilité de le grand St. en l’exercice des plus bas emploi. Au retour de L’Eglise je dis Mattines, et Laudes pour le lendemain avec le R.P. Confesseur et soupai peu apres avec Mr. le Grand Maitre, le R.P. Confesseur et le P. Timoni.

Le Rme. P. General vint apres souper me voir et nous nous entretenames pendant quelque tems apres quoi je fis mon Examen comme de coutume.* [margin: * Je reçus le meme jour une lettre tres gracieuse de S.M. la Reine en date du 20. 7bre.]

Thursday, Oct. 8, 1739

Le 8e. Je me levai a six heures et fis mes prieres ordinaires. J’appris ma leçon Spirituelle qui traitta de ce que Dieu hait le pecheur comme tel et cela pendant que l’on m’habilloit. Le R.P. Confesseur vint dabord apres et ecouta la leçon, et en me L’Explicant il me dit une tres bonne comparaison.* [margin: * entre notre âme pendant qu’elle est dans le corps, et une Commendant d’une place.] le discours nous y ayant mene [fol. 4a] mené: Notre âme disoit. Il est semblable, lorsqu’elle se trouve dans le corps à une place qui est attaquée par l’ennemis laquelle peut etre prise fort facillement si elle n’est fortifiée qu’avec un seul mûr mais si elle a un mur interieur et l’Autre exterieur alors il faut que L’enemis abatte le mur exterieur avant que de joindre à l’interieur. C’est ainsi qu’il arrive à Notre âme continua le R.P. Car quand elle n’a que les bonnes œuvre d’obligation pour defence controles tentations, les mauvaises pensées etc. que le demon nous envoye la place sera bientôt prise c’est à dire le mauvais esprit nous empechera fort facillement de faire meme les bonnes œuvres d’obligation comme par exemple d’entendre la Messe aux jours de fete, de ce [se] confesser une fois l’Année vers le tems de Pâques etc: mais si notre âme sera [fol. 4a/v] sera pourvüe d’autres bonnes œuvres volontaires comme sont les [illegible], les Messes qu’on entend journellement, et tant d’autres [illegible] alors il faut que le mauvais esprit nous au paravant de ces bonne œuvres volontaires avant pour parvenir aux obligations de Catholiques et Chrtiens et nous en detourner. Le R.P. ajouta outre cela que chaque peché est à ce doit etre considerer de trois manieres savoir primo Qui est celui qu’on offence par chaque peché savoir Dieu infiniment bon Tout puissant 2o. Qui est celui qui celui qui offer ce Dieu cette grandeur suprême savoir un pauvre homme une Creature offence son Creator et 3o. pourquoi cet homme si miserable qui ne peut ni de soit meme, mais a tout a tout reçu de ce Dieu si bon offence son Bienfaveur savoir pour un rien pour quelque placifer [illegible]. 

Le R.P. [fol. 4b] Le R.P. Convesseur me dit aussi a cette occasion ce qu’Il m’a deja dit en tant d’autres savoir savoir que La faute du peché mais non la peine du peché peut etre remise dans la Confession et meme de pechá mortel. Il ajouta outre cela que par les indulgences on peut effacer la peine de tous les peché * [margin: * Il dit encore qui il a difference outre les punitions de l’Enfer etant eternel et le purgatoire temporel mais sans doute le purgatoire est aussi sensible que l’enfer et les demons y tourmente ceux qui auroient merité l’Enfer s’ils n’avoient fait penitence] de cette maniere que si c’est un peché mortel on dominicio la peine de l’Enfer en cette d’un purgatoir sans doute plus semple que celui que meritent le pechés veniels.

J’allai ensuite al Gesú et y fis mes prieres pendant les deux Messes comme ces jours passés et le Rme. P. General fut auparavant me voir.

Je dis au retour les troix heures Tierce, Sexte et None avec le R.P. Confesseur car nous avions deja dit Prime avant que d’aller al Gesù. Le [fol. 4b/v] Rme. Pere General dina avec de meme que Mr. le Grand Maitre et la R.P. Confesseur.

Apres la table Mr. le Grand Maitre vint me retrouver pour aller au jardin et il me fit present du cuillere dont Ste. Birgithe c’est servi elle meme pendant sa vie avec une authentique de Msgr. Cervioni. C’est le Cte. Bielke [Nils Bielke (1706-1765)] Senateur de Rome qui Lui là envoyée. Le P. Timoni nous accompagna au jardin et je salua le Tres St. Sacrement de L’Autel en remondant dans ma Chambre. Le R.P. Convesseur dit apres cela Vepres et Compiete avec moi. Je fus comme toujours al Gesù ou je fis mes prieres comme ces jours passés et je lus la Meditation du Zele ample de St. Francois Xavier laquelle me proposa 1o. Le Zele Ample de ce grand St. dans les œuvres. 2o. Le Zele Ample de mon cher et grand Patron dans le fruit, et 3o. Son Zele ample dans [fol. 5a] dans les desirs. Je dis apres le Colloque l’Office de St. Francois Xavier parce que le R.P. Confesseur me l’a conseillé avant que d’aller à l’Eglise. À mon retour le R.P. Confesseur vint chez moi et nous recitames Matines et Laudes pour le jour d’apres. 

J’allai dabord apres à souper et Mr. le Grand Maitre, le R.P. Confesseur, et le P. Timoni soupenent avec moi.

Le Rme. P. General vint ainsi que les autres soirs me souhaiter une heureuse nuit et resta quelque tems avec nous.

Je fis mon examen comme de coutume avec le R.P. Confesseur et allai au lit.

Friday, Oct. 9, 1739

Le 9e. J’appris le matin ma leçon Spirituelle qui fut la Consequence qui suit les deux dernieres leçons Je fis aussi le rest comme d’ordinaire et le R.P. Confesseur etant venu dabord apres que [fol. 5a/v] que je fus habillé Il ecouta les lecons et me dit ce qui suit pour mon Instruction. Supposés le cas que * [margin: * St. Francois Xavier apres tant de travaux qui a soutenu pour le salut des ames] la Bienheureuse Vierge Mere de Dieu ait commis un peché [illegible] /: ce qui peut a peine etre compris et encore moins se faire :/ il est pourtant certain que des ce moment là Dieu auroit detesté davantage St. Francois Xavier que le serpent le plus venimeux, et qu’il n’y auroit rien fallu qu’Il ne L’eut condemné aux feux eternelles par une egal sentence avant avec tous les autes pecheurs, sans avoir plus memoire de ces bie merites passer ni de Sa Sainteté.

Le R.P. Confesseur recita ensuite avec moi Prime, Tierce, Sexte, et None, de l’Office de Notre Dame. J’allai apres cela al Gesù ou j’en- [fol. 5b] j’entendis les Messes de la meme maniere des autres jours mais je puis dire que j’ai eu plus d’esperence que jamais en L’intercession de mon St. Patron. Je trouvai le Rme. P. General à L’Escalier le quel me dit qu’il etoit faché de n’avoir pas ete en etat de venir me voir ce matin.

Le R.P. Confesseur me porta peu apres une lettre ecrite à S. Emce. le Cardl. Camerlengo ecr par Me. Sa Mere. Elle me remercint du present que je lui ai fait. Elle se plaint de ne plus voir son Fils a Soriano, finissant avec cette belle doctrine: Alle disposizioni di Dio dobbiamo chinare il capo, e rimetterci intieramente. C’est à dire: Nous devons baisser et la tete et nous remettre entierement aux dispositions de Dieu.

Le [fol. 5b/v] Le P. Timoni dina avec moi de meme que Mr. le Grand Maitre et le R.P. Confesseur. Le Rme. Pere Confesseur General fut apres le diner chez moi, et Mr. le Grand Maitre ayant des grandes douleurs a ces jambes je parlai quelque tems avec le Pere Timoni et le R.P. Confesseur etant survenu je dis avec lui Vepres et Compiete. Je dis mes prieres al Gesù comme hier en ajoutai apres le Chappellet l’Office de St. Francois Xavier et lus la meditation du Zele fort de mon St. Patron laquelle me representa 1o. Son Zele fort dans les Perils qui [illegible] 2o. Ce meme Zele de la grand St. dans les mauvais qu’il rencontra, et 3o. Son Zele fort dans les genereuses Protestations. Apres avoir dit au retour de [fol. 6a] de L’Eglise matines et Laudes avec le R.P. Confesseur je soupai avec Mr. le Grand Maitre, le R.P. Confesseur et le P. Timoni. Le Rme. Pere General vint apres la table et nous parlames tous ensemble apres quoi je fis mon examen.

Saturday, Oct. 10, 1739

Le 10e. le matin ce passa comme ces autres jours et ma leçon spirituelle fut la pein des Anges qui me demontrâ en pensant que toutes les places de ces Anges malheureux doivent etre remplie par nous autres. Ce fut le R.P. Confesseur qui me L’Expliqua et qui me fit faire toutes ces observations. Il continua les discours en disant que l’on savoit par Revelation de St. que St. Francois d’ [fol. 6a/v] d’Assis occupe à present le meme lieu parmi les Anges au Ciel qu’auroit occupé Lucifer s’il n’avoit peché. Il dit de plus qu’on ne fait point le lieu qu’y occupe St. Francois Xavier mais qu’il est tres certain qu’Il en occupait un des plus honorable et qu’il etoit douteus parmi quelle sorte de St. on devroit Le placer, à [illegible] qu’Il est un Ange par Sa gloire, un Patriarache, pour ce qu’il etoit le Pere de tous les fidels des Indes et du Japon, un PatronProphete par les differentes predictions qu’Il a fait pendant Sa vie, un Apôtre a cause qu’Il a été envoyé non seulement par St. Ignace mais aussi par les Papes pour precher la parole de Dieu à L’Orient, un Mar- [fol. 6b] Martir 1o. par le desir qu’Il a toujours eu de souffrir pour la Foy de Jesus Christ. 2o. par les oprobres que ces peuples des Indes lui ont faits et par les coups de fleche qui dont il fut deux fois blessé, comme aussi par les tourmens que le demon lui a fait sentir en divers occasions, et 3o. À cause que tant d’autres ont soutenu le Martyr par L’Intercession de ce grand St. et entr’autres le P. Marcello Mastrillo. Il me Le R.P. Confesseur me fit observer le texte de St. Bernard [Bernard, Abbot of Clairvaux (1090-1153)] Serm: 3. In Cantica. Le voici: Genus quoddam Martyruest spiritus facta carnis mortificare, illô nimirum quô menbra cæduntur ferro, horrore quidem metius sed deuturnitate molestus. C’est à dire: Il y a une espece genre de Martyr, mortifier les actions de la Chair par l’Esprit savoir [fol. 6b/v] savoir par celui par lequel les membres sont battu, qui a la verité est moins horrible mais plus moleste par sa durée. St. François Borgia /: dont on celebre on ce jour la fête :/ se rendi tous les incommodites du corps legers en envoyent au devant deux envoyes /: pour parler ainsi :/ c’est à dire la Cognition de l’Enfer et de soy meme et de l’Enfer, combien est ce que ces meme incommoditées vous parorteron fajoyeuses quand vous regarderes L’Amour de Dieu la Crois de Jesus Christ l’Augmentation du merite et la grandeur du prix celeste. On lit ce que je viens de dire en dernier lieux en latin dans le livre intitulé: Praxis fructuose meditandi en ces paroles: Sanctus Franciscus Borgia monia corporis incommodea Sa levia fecit, binos legatos, [illegible] [fol. 7anem nempe Sui, et inferni præmittendo; quantò magis eadem tibi puunda accidenti si amorem Dei, Crucem Christi, Augmentum mariti et calestis præmü magnitudinem respexeris.

Nous reti recitames ensuite Prime, Tierce, Sexte, et None de L’Office de Nôtre dame, et le R.P. Confesseur etant parti, le Rme. Pere General vint me voir et me donna une Relique de St. Francois Borgias savoir de Sa Tête et une de St. Jean François Regis savoir de ses Os. 

Ayant entendu les deux Messes dela maniere accoutumée je re al Gesù je repetai les deux premiers paragrafs de mes leçons Spirituelles savoir que d que le peche est une injure faite a Dieu et qui est celui qu’on Offense par le peché. 

Je dinai avec Mr. le Grand Maitre [fol. 7a/v] Maitre, le R. Pere Confesseur et le P. Timoni lequel parla quelques avec moi le tems etant tres mauvais et Mr. le Grand Maitre etant encore incomode à la jambe. 

Le R.P. Confesseur vint apres chez moi et nous parlames de differentes choses.

Je fus al Gesù dabord appres qu’il fut parti et y fis mes prieres. Je lus la meditation de St. Francois Xavier qui me propossa 1o. La patience de ce Grand Stenvers pour ce est des objets de Zele. 2o. Sa patience envers qui etoient ontraires a les impugnateurs de son Zele, et 3o. La Patience de Mon St. Patron dans le terme de son Zele, c’est a dire dans le moment de Sa mort.

Le R.P. Confesseur dit au retour Vepres et Complie avec moi. Mr. le Grand Maitre en ayant reçu une estafette de la Cour m’apporta une lettre de S.M le Roy laquelle me noty- [fol. 7b] notifia ave fort gracieusement la naissance d’un frere du quel S. Mte. La Reine est heureusement accouché le 28e. 7bre. à 4. heures et ½ du matin. Je puis dire que j’en eus une joye extreme. La lettre du Roi est du 28. 7bre de meme que celle du Ministre du Cabinet C. de Bruhl. 

Je soupai avec Mr. le Grand Maitre, le R.P. Confesseur, et le Pere Timoni. Le Rme. Pere General vint peu apres et lorsque nous eumes parles quelque tems ensemble il retourna chez lui et je fis mon Examen.

Sunday, Oct. 11, 1739

Le 11e. Ma leçon Spirituelle fut la Punition des nos premiers Peres je l’appris comme de coutume pendant que je me faisoit habilloit. Je fis aussi mes prieres ordinaires et le R.P. Confesseur vint aussitôt que je fus prêt. Il ecouta ma leçon et fit la dessus les leçons suivantes: D’ou [fol. 7b/v] D’ou est ce disoit-il que le peche d’Adam et d’Eve est provenu n’estetoit-il ce pas la desobaysance qui en fut la cause? Sans doute. Or si St. Francois Xavier avoit de meme été desobeysant à St. Ignace lorsque Il leltona à la mission des Indes et du Japon Il ne seront certainement pas devenu ce grand St. qu’Il est. Mais St. Francois Xavier a dabord obei de sorte que St. Ignace le voulant rappeller apres les dix ans de Mission qu’Il a faite dans ce païs barbares ne lui ecrivis autre chose que cette seul lettre ou pour mieux dire parole I: qui signifie allés va puisque St. Ignace etoit plainement persuedé qu’ell suffiroit à faire comprendre Son intention à mon St. Protecteur.

Nour recitames ensuite tout l’Office de La Ste. Vierge apres quoi le R.P. Confesseur etant parti, le Rme. Pere General vint me feliciter [fol. 8a] -liciter sur l’heureuse naissance de mon Frere nouveau né et me dit qu’Il ferois dires des Messes pour remercier le Bon Dieu sur ce sujet.

Les nom de mon frere dont S.M. la Reine ma très chere Mere accouchâ en dernier lieu son: Clement Wenceslas, Ubert [Albert], et François Xavier.

J’allai ensuite al Gesù ou j’entendis comme de coutume les deux Messes.

Le R.P. Confesseur vint peu de tems avant la table chez moi et je dinai avec Lui Mr. le Grand Maitre, et Lui et le P. Timoni.

Comme le tems continuâ a etre tres mauvais je parlai apres la tble pendant quelque tems avec le P. Timoni.

Le R.P. Confesseur survint peu apres et nous recitames ensemble matines et Laudes pour le Lendemain.

Il me rendit aussi un Sonet à L’ [fol. 8a/v] l’honneur de St. François Xavier que le P. Timoni m’a fait [illegible] par Son Canal ainsi qu’il avoit fait L’autrefois en Personne. 

Je fis mes prieres al Gesù comme de coutume de La meditation traita 1o. de La rare Excellence de Mon St. Patron dans don des Langues. 2o. de L’humble disposition de St. François Xavier au don des Langues et 3o. de L’usage fidel que ce Grand St. fit du don des Langues.

Je soupai au retour avec Mr. Le GrandMaitre, le R.P. Confesseur et le Procureur de cette Maison du Noviciat qui fait en meme tems remplit L’Office de ministre parce que celui-ci est actuellement à Tivoli avec les Preteurs.

Le Rme. Pere General vint apres soupé me voir de meme que le P. Timoni et apres avoir parlé quelque tems avec eux je fis comme d’ordinaire mon Examen et allai coucher. 

Monday, Oct. 12, 1739

Le 12e. [fol. 8b] le 12e. Je me levai à l’heure ordinaire Je fis aussi mes prieres et appris ma leçon qui traita de la punition d’un seul peché bien entendu mortel. Elle m’explicâ quelle terrible chose doit etre le peché puisque le Bon Dieu qui est sans cela tout misericordieux tout affable, etc. le punit si severement dans L’Autre monde. Le R.P. Confesseur me le fit comprendre encore mieux quand Il me dit que St. Ignace avoit coutume de dire qu’Il etoit asses payé de toutes ces peines en empechant par là un peché mortel. Mon cher Stavoit aussi etoit aussi du meme sentiment puisqu’Il a souffert tant de peines jusqu’à entreprendre des voyages par mer purement pour conduire une âme a la fois car etres sans croire en Dieu est le plus grand peché mortel car selon le texte de L’Ecriture qui dit de La Creance en Dieu: Hæc est vita æterna, ut cognoscante Te [fol. 8b/vTe Verum Deum, et Queinmes Jesum Christum. C’est à dire: C’est celleci qui est la vie eternelle afin pour qu’ils Vous regarde [illegible] connoiscent comme le Vraité et et et Jesus Christ que Vous avez envoyé.

Le R.P. Confesseur dit aussi tout le reste de L’Office avec moi. Le Rme. Pere General me presenta les Reliques de Trois Martyrs du Japon de La Compagnie de Jesus.

J’entendis les deux Messes de la meme facon que les autres jours.

Au retour de L’Eglise je repetai les deux premiers paragrafs de mes leçons Spirituelles et le R.P. Confesseur les confrontait avec le libre Original ecrit en Italien par le P. Giovanni Pietro de la Compag Pinamonti de la Compagnie de Jesus.

Le P. Tschiderer dina avec moy de meme que Mr. Le Grand Maitre [fol. 9a] Maitre et le R.P. Confesseur. Le P. Timoni me presenta des Reliques de la part du Cardl. Camerlingue savoir des SS: Primi et Feliciani, MM: S. Venantÿ, M. S. Clementis P.M. S. Christina, V.M. S. Rosalia, V.S. Pÿ, V.P. S. Joannis de Deo, S. Joanni Matha, S : Jacobi de Marchia e S. Saturnini M: [blank]. Il parla ensuite pendant quelque tems avec moi.

Le R.P. Confesseur recita apres cela Matines et Laudes avec moi et le P. Sagramoso fut chez moi pour prendre conge avant que j’allasse Al Gesù ou je fis mes prieres ordinaires et lus la meditation de S. François Xavier qui me proposa 1o. La multid Multitude des Ses Propheties 2o. Leurs Qualité, et 3o. La continuation des Propheties de ce grand St

Je commençai au retour à traduire le livre de ces meditations en langue Francoise avec in- [fol. 9a/v] intention de L’Offrir à S.M. la Reine quand il fera [illegible] a fait traduit. 

Je soupai avec Mr. Le Grand Maitre, le R.P. Confesseur et le P. Timoni.

Le Rme. P. General vint comme de toujou cutume me voir apres souper et je fis mon Examen apres avoir parle quelque tems avec Lui.

Tuesday, Oct. 13, 1739

Le 13e. Dernier jour de cette neuveine je fis ma Confession apres le 7. Heures. Je communiai al Gesù au pieds de L’Autel de mon St. Patron en le priant [illegible] ardemment qu’Il m’a été possible d’interceder aupres du Seigneur afin que je soye de lui de la foiblesse de mes jambes [illegible] je ne Lui recommendai cette grace pas autrement que [illegible] c’est ainsi la volonté de Dieu et pour le Salut de mon Âme qui m’importe mille fois davantage que toutes les prospentées de ce monde ci lesquelles ne [fol. 10a] ne sont au bout du Compte que passageres.

Le R.P. Confesseur etant venu me trouver peu de tems apres mon retour au Logis ecouta ma leçon Spirituelle qui traità de la dête que nous contractons devant Dieu par un seul peché mortel et Il me dit qu’en effet cette seule pensée Lui faisoit plus d’impression de toutes les autres matieres dont nous avons parlé ces jours passés, car dit-il il est sûr qu’aucune âmepure de ce Creature de combien de graces elle soye duce douée ne peut satisfaire dignement meme pour un le peché d’un seul autre homme ainsi que le dit la sentence de tous les Peres et Scholastique. Voici les paroles Latines qu’Il repetâ plusieurs fois avec moi: Nullam puram Creatura quantâvis gratiâ præditam, posse, vel pro altero tantùm homine condignè pro peccato satis-facere [fol. 9b/v] facere vera Patrum et Scholisticorum sententia est. Vasq. [Vasquez] 3. p. 1. q. 1. Dis: 4. c. 3. Parce que continua le R.P. Confesseur: Tanta esta peccati mortalis malignitas, ut, posita in lance Divinæ Justitiæ, præponderet omnibus Operibus omnium Sanctorum etiamsi mellies plura et majora forent. Neque hoc incredibile videri debet. Nam omni bona opera licèt, in se considerata fint maxima æstimationis, tamen fint maxima funt instar nihili respect Dei, cujus Majestati et beneficiis, funt debita omnia ista, et infinities majora et plura. Lefs: de Perf: Div: lib : 6. n. 178. C’est a dire: La malice du peché mortel est si qu’elle paise beaucoup plus quand elle est mise sur la balance de la justice Divine que toute les œuvres de tous les Sts. quand [illegible] celles ci soient mille fois plus nombreux et plus grand. Cela ne doit non plus paroitre incroyable Car tous quoique toutes les bonnes œuvres soyent d’un tres grand prix [fol. 10a] prix quar considerées en elles meme, elles sont neammoins portant comme rien en considerartion de Dieu à La Majesté au et aux benefices du Quel toutes celles ci- et infiniment davan de plus grandes et davantage sont dues.

Les R.P. vint ensuite a parler de St. François Xavier en disant que ce Grand Apôtre qui a tant souffert pour le salu d’un si grand nombres d’ames n’est-pas capable de satisfaire pour un seul peché mortel.

Nous vemes venames à parler de ce que aucun chose peut remettre les pechés dans la Confession quand on y va avec les dispositions necessaires que uniquement les merites de N.S.J.C. mais que on peut bien imporer le secours de Sts. afin d’obtinir par leur intercession la grace de pouvoir recevoir D’aller à la Confession avec les dispositions necessaires. Il dit a ce sujet que non est in alio aliquo [fol. 10a/valiquo salus in quo oporteat nos salvos fieri nisi in Jesu Cristo. C’est a dire: Il a n’y point de salut en aucun autre en [illegible] le quel il faut que nous soy sauvés si ce n’est en Jesus Christ.

Le R.P. Confesseur dit de plau que les heretiques et surtout les [illegible] nous appossient que nous * [margin: *faisions plus de cas des merites des Sts. que ceux de Jesus Christ ce qui est tres faux puisque nous ne faison cas des merites et de L’Intercession des Sts. qu’autant qu’il faut ou pour qu’Ils nous obtiennent les graces de Dieu ou parce que c’est pas eux que le Bon Dieu Opere plusieurs fois de miracles et concede fait des graces nous avons toutes la conscience et nous faison tous le cas des merites de Jesus Christ comme de celui du quel les graces peuvent uniquement venir et nous etres conferées.] ne … point entierement en les merites mais en ceux des Sts. mais on leur repond que nous n’avoins … qu’autant que L’on doit avoir pour qu’ils nous obtiennent les graces du Bon Dieu mais du reste nous avons une entiere Confiance en Dieu desquel les graces … seulement se despenser. Ces Ils dis Ces memes heretiques nous disons que nous adorons les Stset que nous faison tout le C plus de cas de mer de quoi ils sont [illegible] que cela n’est pas. [fol. 10b

Le Rme. P. General dina avec moi de meme que Mr. le Grand Maitre et le R.P. Confesseur.

Je fis apres la table un petit present au P. Gl. ou pour mieux petite memoire en reconnoissance des toute les bontes que Lui en particulier, ainsi que toute la Compagnie m’a temoignées pendant mon sejour a Rome. Elle consista en quatre medailles d’or du Couronneent de S.M. le Roi mon tres cher Pere, et en quatre d’Argent batuës à cette occasion. Comme le P. Timoni s’est donné tant de peine et m’a fait tant de plaisir depuis que je suis en cette Ville je lui donnai une montre d’or à repetition d’or faite en angletterre [sic], et quelque medailles du Couronnement. Il parla quelque tems [fol. 10b/v] tems avec moi apres que le Rme. P. General fut parti. Puis le R.P. Confesseur [illegible] chez moi et m’exorta de faire mes derniers oraison devant le bras de mon St. Protecteur avec une [illegible] tout a fait particuliere [illegible] que je ferai exosé [illegible] ou dans la grace que je demande ou dans une autre plus grande. Je le fis, et je finis ainsi ma neuve Ma Neuvaine. L’Argument de la Consideration etoit le du d’une prodiguse Beneficence dont mon St. Patron etoit doue. Elle me proposa 1o. Sa Benifience pendant qu’Il a venû par les Santés renduë. 2o. La prodigieuse Beneficence de ce grand St. pendant qu’Il [illegible] dans les necessités dans les quelles Il a secourû les [illegible] et 3o. Sa Beneficence prodigieuse pendant qu’Il vecû par les morts resucités. 

o. a. m. D.G

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Comte de Lusace

Friedrich Christian (Sept. 5, 1722- Dec. 17, 1763) was the eldest son of King August III and Queen Maria Josepha of Saxony/Poland. Sickly at birth and crippled by what was described at the time as "palsy", he toured Italy in 1738-40 on a quasi-Grand Tour-cum-pilgrimage and cure, aged 15-18. Traveling incognito as Comte de Lusace, he departed Dresden on May 13, 1738 in the company of his sister, Maria Amalia, the new Queen of Naples, for a four-week journey via modern-day Czech Republic, Austria and Slovenia to arrive in Naples on June 22, 1738. Following a cure on Ischia (July 12-Sept. 23, 1738) and a period of recuperation in Portici and Naples (July 23-Nov. 15, 1738), the prince sojourned for a year in Rome residing in Palazzo Albani alle Quattro Fontane (Nov. 18, 1738-Oct. 14, 1739). After Rome, he toured Tuscany, Lombardy and the Veneto (Oct. 14-Dec. 21, 1739) before floating into Venice for six months in Ca'Foscari (Dec. 21, 1739-June 11, 1740). Prior to returning to Dresden on Sept. 7, 1740, the prince spent two months in Vienna with his grandmother, Dowager Empress Wilhelmine Amalia. Three unpublished diaries written by the prince and two members of his entourage offer parallel accounts of each day of a unique tour of Italy and are presented here in the form of a blog, together with auxiliary documentation and illustrative material. NB: Inaccuracies, idiosyncrasies and misspellings are retained; some writing is bound into the margins and illegible. Autocorrect has occasionally introduced misspellings for which I apologize.