Wackerbarth dispatch (Abschickung) dated Oct. 21, 1738, Portici (for Oct. 14-19, 1738)

” a Portici ce 21. Octob. 1738 [for Oct. 14-19, 1738]

Sire

Quoique la Santé de S.M la Reine se soit affermië de plus en plus, ce n’est pourtant que depuis deux, ou trois jours, qu’Elle n’a plus le moindre ressentiment de fievre, aussi prend’Elle des forces à vue d’oeuil, Elle se promena lundi dernier au jardin de MonteLeone pour faire d’autant mieux passer les bouillons avec l’acier, qu’Elle avoit pris le matin. Monseigneur le Prince Royal alla aussi à la promenade dans le jardin du Prince de Sto. Stefano, et ne reçut pendant la journée aucune personne de grand distinction, si ce n’est le Comte de Fuenclara.

Le 14me. Jour de Poste. Le matin S.A.Rle. essaya de tirer au blanc dans son jardin; Le Roy, et la Reine sortirent à la chasse des alouettes; L’après diner le Prince tira au blanc, et LL.MM furent à la pêche.

Le 15me. S.A.Rle. après s’être divertië le matin à tirer du pistolet reçut ches Elle Mgr le Nonce, qui avoit paru pour la premiere fois à la Cour, et qui fit à S.A.Rle. un compliment tres obligeant de la part du St. Pere, et de la famille Corsini. Pendant la tirerie le Marquis de Salas me fit dire, qu’il viendroit chés moi; mais comme il etoit tard, je lui fis repondre que je le verrois le soir chés lui. L’après diner le Pce. Rl. fut à la promenade dans un jardin, et le soir il fut à l’ordinaire de la partie du Biribi.

Le 16me. S.A.Rle. se plaignant, qu’Elle se sentoit echauffée, et qu’Elle sentoit un tiraillement dans les Nerfs on resolut de suspendre pour un couple de jours les onctions du dos, et le bouillon, substituant à celui-cy une orgeade, qu’Elle devoit prendre au soir. Cela ne l’empecha pas de tirer du pistolet, comme le matin precedant, et d’aller l’après diner se promener dans le jardin de Riario, ou Elle joua au boules. Le Roy, ce jour là fut à la chasse des alouettes et la Reine à la promenade. Le soir il y eût Biribi pendant le quel j’allai voir la Princesse de Collubrano.

Le 17me. Le mauvais tems empecha S.A.Rle. de sortir; Elle ne prit point de bouillons, ni le matin, ni le soir; mais Elle se divertit à tirer du pistolet.

Mr. de Vaucouleur, qui est un francois à la pension de cette Cour employé dans les affaires du commerce fut chés moi pour me communiquer ses idées sur cette matiere. Je lui montrai quelques echantillons de nos manifactures, que j’envoyai l’après diner chez le Marquis de Salas.

Le Roy, et la Reine se divertirent à l’ordinaire à la chasse et à la pêche.

Le 18.me. LL :MMtés. ont sortirent point non plus, que S.A.Rle., qui se trouva fort lasse, et abbatüe. La Reine prit medicine; Le Pce. de Calvaruso ayant êté declaré Son Grand Maitre vint à donner part à S.A.Rle.

Mr. Vaucouleur vint me dire, que le Marquis de Salas lui avoit ordonné de mettre par ecrit son projet de Commerce; Je temoignai, que je le verrois avec plaisir.

Le 19me. Monseigneur le Prince Royal ne se trouva pas bien disposé; mais il ne laissa pas d’aller entendre la Messe au Granatiello, qui est une Eglise au bord de la mer, desservi par des moines Franciscains Reformés.

Mr. le Duc de Sora vint faire sa Cour à S.A.Rle., qui se divertit l’après diner à tirer du pistolet, le mauvais tems empechant la promenade. Le soir on joua chez la Reine du Biribi. Ce jour là les femmes de Chambre donnerent à diner à plusieurs Officiers de la Court de S.A.Rle. Elles furent regalées le soir par le Chirurgien de la Reine d’un Souper, et d’un Bal, Elles en avoient eû la permission de LL.MM. aussi bien, que de la Camerera Mayor.

Commes dans ma derniere visite j’avois entretenu Mr. le Marquis de Salas sur le prochain depart du Prince, et qu’il s’étoit chargé d’en parler au Roy, je luy fis demander la reponce. Il me fit dire, qu’il viendroit le lendemain chés S.A.Rle. pour me la donner.

Le Medecin Bonocore m’assura, que la Reine n’avoit plus aucun vestige de fievre; et en effet Elle parut le soir, que je la vis au Biribi avec un Visage tient, et de couleur fort vive. Ce même Soir je fis un compliment au Roy sur la promotion du nouveau Grand Maitre de la Reine. S.M me dit combien ce Seigneur s’etoit exposé en Sicile pour Son Service. Dans l’espace de trois jours on a reçeu deux Couriers d’Espagne. Le Premier a apporté la nouvelle de la promotion du Grand Ecuÿer de la Reine Pce. Calvarusso à la charge de Son Grand Maitre, et le Duc de Sora a êté elevé à la dignité de Grand d’Espagne. On a appris par le second, que S.M. Catholique, à qui le Roy des deux Siciles avoit donné la nomination de six Chevaliers de St. Janvier a conferé le Cordon de cet Ordre au Marquis de Salas Ministre d’Etat de S.M. Sicilienne, à D. Miranda Sous Ecuyer du Roy, au Marquis de Cortillara Sous Ecuyer de la Reine, et à un autre General Espagnol. Le Cte. Sto. Stefano qui doit desormais être arrivé a Madrid ayant abordé le 25 du passé à Alicant aura la confusion de voir, que ces Srs., qu’il avoit preteré à la Cour de Naples, n’on pas laissé de trouver graces devant les yeux de LL.MMtés. Catholiques.

J’ai l’honneur d’etre avec le plus profond respect

Sire                  de Votre Majesté

Le plus humble plus obeissant et fidel Serviteur J. de Wackerbarth”

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