Wackerbarth dispatch (Abschickung) dated Oct. 29, 1739, Florence (for Oct. 8 – 26, 1739; includes Siena, Pisa and Livorno)

Rome to Florence
Rome to Florence

“à Florence le 29 Octobre 1739 [for Oct. 8-26, 1739]

Sire

Avant que de reprendre le fil de mon journal de Rome permettés, Sire, que j’ajoutte une Circonstance, que étoit echappée, savoir que S.A.Rle deux jours avant que de commencer Sa neuvaine se rendit de bon matin en Carosses de loüage chez le cardeinal St. Clement pour le surprendre; mais les gens le S.Emce. l’ayant apperçu de la fenêtre; le Cardl. vint la reçevoir à la portiere du Carosse, Lui presenta le choccolat, et Lui fit voir la maniere, dont il avoit arrangé son nouveau Casino, temmoignant d’etre extremement sensible à la finesse, que S.A.Rle. lui avoit faite de venir le voir.

Monseigneur le Prince Royal continuant Sa neuvaine avec la ferveur, et dans l’ordre commencé n’a pas manqué aller matin et soir au Jesus.

Le 8me. Octobre. S.A.Rle. dina avec le Pere General des Jesuites, et à souper Elle eut le Pere Timoni à Sa table. Le Soir le Cardl. Alexandre Albani vint au Noviciat pour me demander les nouvelles de la Santé de S.A.Rle., et pour me prier de lui mander de Florence, si S.A.Rle. iroit jusqu’à Turin.

Le 9me. Elle dina, et soupa avec le R. Pere Timoni.

Le. 10me. Je reçus par estassette l’agreable nouvelle de l’heureux accouchement de S.M. la Reine par la naissance d’un cinquieme Prince, J’envoyai aussitôt le Conseiller Palavicini à S.Emce le Cardl. St. Clement pour lui en donner part, et lui communiquer la lettre que le comte de Brühl m’avoit écrite là dessus; S. Emce. temoigna d’en etre ravie, et vint celebrer en action de grace la Messe dans l’Eglise du Noviciat.

Le 11me. Le Pape eût un accés de goute, mais le medecin s’appercevant que son temperament n’étoit plus assés fort pour la pousser aux extremités, on en fut d’autant plus inquiet.

Le 12me. Le Cardl. St. Clement se rendit au Noviciat, comme il a fait presque tous les jours pour s’informer de la Santé de S.A.Rle.

Le Cardinal Acquiviva m’envoya Son Maestro di Camera pour me faire demander si, et quand il pourroit venir voir, et feliciter Son A.R. sur la naissance du nouveau Prince avant Son depart.

J’expediai le Major Bulow pour faire d’avance les dispositions convenables sur la route de Rome à Florence par les endroits marqués dans la note envoyée à V.M

Le 13. Le P. General dina avec S.A.Rle. Elle acheva Sa Neuvaine au Jesus d’ou s’en retournant le Soir au noviciat Elle trouva dans les Corridor le Cardl. St. Clement qui l’attendoit, et qui monta avec Elle dans ses appartemens, Monseigneur le Prince Royal le reçut sans façon dans Sa Chambre du lit.

Les Cardinaux Acquaviva, et Alexandre Albani, le Duc Corsini, et enfin le Duc Salviati se rendirent successivemt. auprès de S.A.Rle.

Le Cardl. Camerlingue La pria de permettre, qu’il pût lui donner à diner à Viterbo.

Le Card. Acquaviva fit des excuses sur ce, qu’il ne pouvoit aller La servir en personne à Caprarola attendu la maladie du Pape, et la fête de Ste. Therese, pour la quelle il devoit se trouver à l’Eglise della Scala, dont le Cardl. Infant est le Protecteur.

Et le Duc Corsini remercia S.A.Rle. du present de Porcellaine fait au Cardinal Son Oncle, et à Da. Vittoria, Monseigneur le Prince Royal fit ce jour là divers presens aux personnes, aux quelles il a voulu laisser un gracieux Souvenir.

Le 14. Monseigneur le Prince Royal se leva à six heures du matin, et entendit la Messe à huit heures.

Le Pce. Dn. Orazio Albani, et le comte de Brühl prirent les devant hors de la Porta del Popolo, ou le Cardinal St. Clement attendoit S.A.Rle.

Celle-ci après avoir pris le choccolat, Se mit en Caleche les rideaux tirés, et prennant par la Porta Salara rencontra à la Villa di Papa Giulia le Cardinal Camerlingui avec D. Jean Francesco Albani son neveu, Le Connétable Colonna, le Duc de Strozzi, le Comte Bonarelli, Monsignore Gaueci, et le Comte de Lagnasco Monseigneur le Prince Royal s’eétant congedié d’eux partit pour Monte Rosi, ou Elle trouvais à la dinée le Grand Maitre des Postes Marquis Patrizi, et un Courier du Pape, qui avoient reçu Ordre de faire les dispositions pour les Chevaux.

S.A.Rle. admit à Sa table le dit General des Postes, Elle arriva vers le Soir à Caprarola, en parcourut les appartemens; et trouva dans sa Chambre deux beaux tableaux de Gasparo degli Occhiali, qu’on lui presenta de la part du Cardinal Acquaviva. S.A.Rle. ayant soupé Se coucha à 9. heures.

Le. 15. Monseigneur le Prince Royal ayant parfaitement bien reposé ne Se leva qu’à 8. heures, et entendit la Messe, et le Sermon à l’Eglise des Carmes, ou l’on celebroit la fete de Ste. Terese.

Le Fief du Cardinal St. Clement nommé Soriano n’étant qu’à 3 miles de Caprarola Dn. Orazio Albani s’y rendit le matin pour y aller trouver Da Bernardina, Sa grand mere.

Sur ce, que j’avois appris, que le chemin depuis S. Lorenzo jusqu’à Radicofani etoit tres difficle, et mauvais, j’écrivis au Cammerlingue, en le priant de procurer une litiere pour S.A.Rle.

Pendant le diner le Comte de Lagnasc survint de Rome, et vers le Soir D. Orazio Albani fut de retour de Soriano, me rapportant, que le Cardinal Cammerlingue avoit deja pourvû à la litiere pour S.A.Rle.

Celle-ci aprés avoit fait un tour de promenade dans le jardin ecrivit un billet de remerciment au Cardinal Acquaviva, dont Elle chargea le comte de Lagnasco.

Elle fit une partie de Minchiate, et Se coucha de bonne heure.

Le 16. Un Courier d’Espagne depeché de Naples m’apporta avec une lettre du Marquis de Salas le Portrait de la Reine des deux Siciles pour Sa Majesté la Reine Sa Mére.

S.A.Rle. ayant entendu la Messe partit à 8. heures et demie pour Viterbo; Elle descendit chez le Comte Teloni, ou la famille Albani l’attendoit au diner, que le Cardl. y avoit fait preparer.

Le Cardl. Accoramboni se trouva poliment avec le Cardl. Camerlingue à la portiere lors que S.A.Rle. descendit de Carrosse; mais le premier ne resta pas à diner. S.A.Rle. alla voir le tombeau de Ste. Rose, dont le Corps est encore tout entier.

Après la table Elle prit congé de la famille Albani, et se rendit à Montefiascone ayant fait arreter des appartemens pour Elle à la Maison de Poste.

J’envoyai de la part de S.A.Rle. faire un compliment au Cardinal Aldobrandi, qui lui envoya un regal de comestibles, s’excusant sur ce, que sa goute ne lui permettoit pas de rendre en personne ses devoirs à S.A.R. la quelle après avoir fait une partie de Minchiate soupa et se coucha de conne heure.

Le. 17. Elle Se leva à 4. heures, et demie, alla entendre la Messe à l’eglise des Capucins, qui n’est pas eloignée de la poste, et partit ensuite pour diner à S. Lorenzo, Elle se servit de la litiere, et des Mulets du Pape pour monter la Montagne, et arriva le soir a Radicofani.

Le Grand Maitre des Postes du Pape ayant accompagné S.A.R. jusqu’aux frontieres de l’Etat de l’Eglise, il prit congé à Centino, et recut de S.A.Rle. une bague.

Nous trouvames à Radicofani un Commis avec Ordre du General des Postes de Florence de faire les dispositions par rapport suz Chevaux necessaires.

Je renvoyai la littiere avec une letter de remerciment au Cardinal Camerlingue.

Le 18. S.A.Rle. ayant fort bien reposé partit de bonne heure de Radicofani, et dina a S. Quirico.

L’Archeveque de Sienne Zondedari Chigi avoit fait offrir son Palais à S.A.R., qui l’en fit remercier.

Le Major Wurm du Regiment de Neuperg en garnisson à Sienne, vint à S.Quirico offrir à S.A.Rle. de la part de son Colonel, et la Regence les honneurs militaires lorsqu’Elle arriveroit à Sienne; mais S.A.Rle. le remercia, et le pria de les épargner, Ce non obstant S.A.Rle. en arrivant vers les 5. heures du soir à Sienne y fut reçue au bruit du Canon de la forteresse [sic] et trouva une Compagnie de Granadiers avec les Drapeau devant l’auberge des Trois Rois, ou j’avois fait arretter le quartier. L’Officier lui demanda l’Ordre, et la parole.

Le Prince de Beauveau fils du Pce. de Craon, et le Comte de Richecourt venus exprès de Florence recurent S.A.R. de la part du Grand Duc. Le Magistrat, la Noblesse de la Ville, et les Officiers de la garnison se trouverent dans l’antiChambre de S.A.R., qui les ayant reçu distinctement, Se retira;

Deux attellages du Grand Duc avoient été envoyé de Florence à Sienne pour Servir S.A.Rle. Le Sr. Gregorio Agdollo Agent de V.Mté. à Florence s’étoit aussi rendu à Sienne pour recevoir les Ordres de S.A.R., Elle n’invita personne à souper, e se coucha vers les 10. heures.

Le Comte de Richecourt, le Prince de Beauveau, l’Auditeur General, les Deputés de la Ville, ceux du College des Nobles, les Officiers, et les Cavaliers, qui Se trouvoient en Ville s’étant au lever de Monseigneur le Prince Royal, Il les reçut les uns après les autres, après quoi S.A.Rle. alla au Dôme, ou Elle fut reçüe à la porte par le Chapitre, qui la conduisit au prie-Dieu devant l’hotel couvert d’un Tapis de Damas; Après diner S.A.Rle. Servie par 3. Carosses du Grand Du calla se promener, et voir les Eglises.

Le Soir l’Archtveque, le Ministere, l’Officialité, et la Noblesse firent de nouveau la Cour à S.A.Rle.

Le 20. S.A.Rle. voulant partir pour Livourne, le Comte de Richecourt, le Pce. de Beauveau, Milord Stafford, et plusieurs autres se rendirent au lever de S.A.R., et l’accompagnerent jusqu’a Sa chaise.

Elle dina à Poggibonzi, et coucha à St. Romano au Vaste, et magnifique Couvent des Franciscains, ou les Princes de la Maison de Toscane étoient accoutumer ci-devant de faire quelque sejour.

Le Capitaine Bülow fils du minister de Conference de V.M m’y apporta une lettre du Comte de Wachtendonk Commandant General des Trouppes de l’Empereur en Toscane, par ou il me marquoit, qu’il avoit ordre de recevoir S.A.R. avec les honneurs dûs à Son rang, S.A.Rle. retint à Souper le dit Capitaine.

Le 21. Monseigneur le Prince Royal après avoir entendu la Messe alla diner à Pise. La garnison y étoit Sous les Armes, et il y avoit une compagnie de grenadiers devant la maison, ou S.A.Rle. étoit descendue pour diner.

Le General Wachtendonck, le General Marquis de Capponi Gouverneur de Livourne, quattre Deputés du Senat, le Commandant de la Forteresse, et le marquis de Sylva Consul General d’Espagne s’étoient rendus de Livourne à Pise pour Saluer S.A.Rle.

Le Comte Pecori Gouverneur de Pise, les Officiers de la garnison et le Deputes de la Ville firent aussi leur Cour a S.A.R. et le Chevalier del Borgo, qi en étoit un, étant resté le dernier, S.A.Rle. le fit diner à Sa table.

Elle partit ensuite pour Livourne.

Map of Livorno
Map of Livorno

Le Consul General d’Espagne, et le Consul de France vinrent à Sa rencontre; Elle prit son quartier a l’auberge Rle., ou Elle trouva une garde de Grenadiers devant la maison.

Toutte la Generalité, la Noblesse, et les Officiers vinrent lui faire la Cour.

Le Comte de Wachtendonk supplia S.A.Rle. de lui faire l’honneur de diner chez lui le lendemain, le marquis de Sylva demanda la même grace pour le vendredi suivant et le Marquis Capponi l’invita à un bal, ou assemblée, qu’il donneroit le lendemain.

Tous le monde s’étant retire, S.A.R. soupa.

Le 22. S.A.Rle. reçut tous les Officiers de la garnison; Le consul d’Angleterre lui fut aussi presenté. Après avoir entendu la messe à l’Eglise du Dome Elle alla al Bagno, ou Elle obtint la liberté à 6. Forçats; De là Elle passa au Magazin des Farines puis au Magazin des Huiles, et ensuite à deux des premieres boutiques de Marchands.

Elle dina chez le General Wachtendonk, ou il n’y eut que des Officiers.

Après le diner S.A.Rle. alla voir le Port, la mole, et la Darsena: Elle fut saluée par les galeres, et par d’autres Vaisseaux; Elle vit l’Arsenal, fit le tour du rampart, et vit le Lazaret.

De retour au logis Elle Se rendit à l’assemblée chez Mr. le Marquis Capponi, dont toute la maison étoit illuminée; On y Servit quantité de rinfreschi.

S.A.R. y fit une partie de Minchiate, et se retira au commencement du Bal.

Le 23. Elle entendit la Messe aux Jesuites.

Le Comte de Wachtendonk ayant fait Savoir, qu’il étoit indisposé, et la journée étant pluvieuse, S.A.R. pria, qu’on contremandat les troupes de la garnison, que le Commandant vouloit faire defiler en Sa presence, et vit en échange d’autres magazins, et fosses a blé. Elle alla diner chez le Marquis de Sylva, ou étoit la Generalité et les Consuls de France, et d’Angleterre.

S.A.Rle. s’étant retiree au logis partit pour Pise, et y arriva vers les 7. heures du Soir.

Elle y donna la parole.

Elle Souppa à Sa petite table à cause, qu’il étoit maigre, et Se coucha vers les 9 heures.

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Le 24. S.A. le Prince d’Elbeuf m’ayant ecrit, qu’il ambitionnoit l’honneur de Servir Monseigneur le Prince Royal à diner à Sa maison à l’Ambrugiana, qui est sur la route de Pise à Florence, je lui répondis de la part de S.A.Rle. qu’Elle y passeroit le lundi suivant. S.A.Rle. s’étant à huit heures alla voir le Dome, et y entendit la messe; on y avoit fait dresser un echaffaut pour qu’elle pût voir à decouvert le Corps de St. Ranieri Protecteur de Pise; Après avoir vû la fameuse tour, qui panche, ou Elle fut portée en chaise jusqu’au Sommet,

Elle vit le Campo Santo, ou Cimetiere, et le Baptistaire, et Elle rentra au Dome ou on lui montra les autres Reliques.

De retour au logis Elle dina a Sa petite table; Les plus fameux Professeurs de l’université furent presentés l’aprés diner à S.A.Rle.

Elle vît ensuite 9. Compagnies de Cavallerie du Regiment de St. Pierre, et 3. Bataillons du Regiment de Hilburgshausen, qui passerent sous ses fenétres.

Elle alla ensuite à l’assemblée chez le Chevalier del Borgo, et s’étant retiree à 9. heures, Elle soupa à Sa petite table.

Le 25. Monseigneur le Prince Royal s’étant levé à 7. heures entendit la Messe à l’Eglise de St. Etienne, ou se tient le Chapitre de l’Ordre, qui porte ce nom. On y fit entendre les orgues, qui ont plus de 60. Registres, et on decouvrit la Chaise du St., et tout l’autel, qui sont de Porphire.

Elle alla faire un tour à l’Arsenal, ou Elle vit deux Galeres, qui étoient encore sur les Chantiers. S.A.Rle. s’étant mise à table vers les onze heures partit après midi pour S. Romano, ou Elle trouva le marquis Suarez General des Postes de Florence, et Elle le retint à souper.

Le 26. S.A.Rle. après avoir entendu la messe partit de S. Romano versl les 9. heures du matin, et arriva à onze heures, et demie à l’Ambragiana maison de plaisance des Grands Ducs.

Villa Ambrogiana
Villa Ambrogiana

Le Prince d’Elbeuf la reçut à sa caleche, et la fit servir dans une chaise à porteurs par tous les appartemens de ce Vaste batiment, comme aussi au Couvent des Franciscains, qui y est annexe.

Le Prince de Craon, le Comte de Richecourt, et quantité de Senateurs, et Cavaliers Florentins étant venus à sa rencontre dinerent avec S.A.Rle., qui se mit péle méle parmy eux. Le diner fut très magnifique, et le Prince d’Elbeuf n’oublia rien de ce qui pouvoit obliger S.A.Rle.

Elle se remit en chaise vers les trois heures, et arriva à Florence vers les 6. heures du Soir.

On avoit pris la precaution de lui envoyer une litiere, et deux attelages, dont Elle ne Se servit point, et Elle descendit tout droit à l’hotel du marquis Capponi;

Le Prince de Craon, le Comte de Richecourt à la tête du ministere, et de quantité de Noblesse La recurrent au Carosse, et S.A.Rle. admit d’abord tous les Cavaliers, qui lui furent presenté.

Elle soupa à Sa petite table, et Se retira vers les dix heures.

J’ai l’honneur d’etre avec le plus profond respect

Sire de Votre Majesté

Le plus humble plus obeissant et soumis Serviteur Joseph de Wackerbarth”

Comte de Lusace, Oct. 14-26, 1739, Rome to Florence via Viterbo, Siena, Pisa and Livorno

Rome to Florence
Rome to Florence

“Le 14e. Oct. Je partis le matin de Rome apres avoir entendre la Masse au Chappelle de St. Stanislas Kostka et pris le Chocolat chez le Rme. P. Gl.

S.Emce le Cardl. Camerlingue se trouva à Papa Guilio e hors de la porta del Popolo avec Msgr. Albani Msgr. Caucci et le Cte. Pietro Bonarelli. Nos Cavaliers savoir le C. de Bruhl et D. Orazio Albani etoient aussi aller au devant jusques là.

Apres avoir fait mes remerciemens au Cl. je poursuivis mon voyage jusques à Monte Rosa à deux postes de Rome ou je dinai avec Mr. le GrandMaitre, le C. de Brühl, Don Orazio, et le R.P. Confesseur.

Le Marquis Patrizzi qui est venu pour ordonner les chevaux fut aussi admis a la table.

J’arrivai le meme soir vers les six heures à

Caprarola

qui est un Village à 4. postes de Rome apartenant au Pape et ou il y a un Palace des Farneses qui est du Roy de Naples, et dont le Cardinal Acquaviva jouit. Ce fut ici ou je fus logé et defrayé par S.Emce. laquel ne pût pas s’y rendre de meme à cause d’une fonction d’Eglise que ce Cl. a dû faire le jour suivant. Il envoya ici deux tableaux fait par Gasparo degl’Occhiali representant deux differentes vuës de la Ville de Naples dont S. Emce. me fit present.

Pour venir a ce qui regarde ce Palais je dirai qu’il est situé sur une montagne qu’on appelle en Italien Monte Cimino. Le Batiment est un pentagône fort spatieuse et d’une tres grande etenduë.

L’Escalier fort commode et tres large quoique assés haut. Les peintures qui l’ornent aussi bien que L’Architecture sont tres finies et d’un meme maitre savoir del Tempesta.

L’Apartement Noble est tout peintes a fresque. Deux de ces façades sont partagés en Salons avec une Chappelle, et deux autres en Apartemens. Les Peintures sont des Zucchari fameux escoliers de Raphael d’Urbino et l’Architecture du renommé Giacomo Barocci de Vignola.

Apres avoir vu tout ceci je soupai avec ceux avec lesquels j’avois dine excepte le Marquis Patrizi qui avoit pris les devans.

Le 15e. Oct. Je me levai a huit heures du matin et apres m’etre habillé et fait ma prierre je me rendis a L’Eglise de Ste. Terese dont on celebra la fête. J’y entendis une Messe apres laquelle Le Docteur Bruti recita un Panegyrique à L’honneur de la dite Ste. qui me plus beaucoup.

Je vis aussi ensuite l’architecture tant de l’Eglise que du Convent.

Elle est du meme L’Architecte que le Palais des Farneses qui ont aussi fondé ce Convent.

Le C. de Lagnasc etant arrivé ici pendant que nous etions a table s’y mit aussi et dina avec nous autres Don Orazio alla le meme matin à Soriano pour prendre congé de la grande mere Donna Bernardina Ondedei Albani.

Apres avoir diné, j’allai voir le Jardin apartenant au Roy des deux Siciles dans lequel il y a beaucoup de Jets d’eau et entre autres une belle Cascade.

Il y a aussi un beau bois qu’on nomme communment une Macchia par la quelle on passe pour venir a une petit Relais qui a peu d’apartemens mais si propres et si bien accommodé que c’est un Charme. L’Eco qui se fait entendre a environ cent pas au de là du petit palais qui repete des mots entiers par exemple Arma.

Etant de retour au grand palais je vis les sousterains du Palais qui sont tres beaux et ce qui le plus curieux c’est un Colonne au milieux des sousterrains qui soutient une grande basse Cour.

J’allai ensuite dans les Chambres du Garderobe et d’un autre qui ont soin du Palais dans lesquelles il y a aussi de tres belles peintures du meme maitre qui a peint à Villa Madama.

Je soupai comme ces jours passés et le C. Lagnasc passa la nuit à Caprarola. Don Orazio y retourna aussi le meme soir. Je dis mon Chappellet avant soupe et partis le ecrivis un billet de remercement au Card. Acquaviva. Je partis.

Le 16. Oct. de Caprarola vers les huit heures du matin pour aller diner à Viterbo ou je trouvai S.Emce. le Cardl. Camerlingue et tous Sa famille comme aussi le Commendant Bussi, le Chevr. Domenico son frere et Mr. Innozenzo Muti avec la Sigra. Maria Francesca Son epouse.* [margin: *comme aussi le Cardl. Accommboni] Je me mis aussitot dans la Carosse du C. Turconi à la Maison duquel j’avois trouvé tout ce monde pour aller visiter le Corps incorrupte de Ste. Rose qui est au Couvent des Religieuses du Tierce Ordre qu’on appelle le Convent de Ste. Rose. Elles me donnerent le Crucifix que cette Ste. avoit en main comme aussi des coucins qui ont ete dessous Ses pieds. Msgr. Abati Eveque de Viterbo me fit present d’un grand morceau de Voile que Ste. Rose a eu sur la tête et il vint a ma rencontre hors des Postes de la Ville.

Je retournai de l’Eglise à la Maison du C. Turconi ou le Cardl. Camerlingue me donna à diner et Me. S.E. La Princesse Albani, La Princesse de Campagnano, D. Marianna, La Sigra. Marifrance Sia, Mr. le GrandMaitre, le C. de Brühl, le Commendant Bussi, Mr. Innocenzo Muti et le Chevr. Domenico dinerent avec moi.

Je poursuivis ce jour la mon voyage jusqu’à

Montefiascone.

J’y arrivai vers les cinq heures. Le Cardl. Aldovrandi Aldovrandi Eveque de ce lieu me fit present d’un gros _?_ des differens fromages et vins. Je logai hors de la Ville dans un Cabaret. Je soupai comme ordinaire.

Le 17e. Oct. J’entendis la Messe à l’eglise des Domminicains Augustins et partis a cinq heures d et demi de Montefiasconi.

Je dinai à S. Lorenzo et allai en chaise jusqu’à Aquapendente ou je me mis en litiere que le Cl. Camerlingue avoit fait venir de Soriano. Le Mis Patrizi prit congé de moi à la Centeno puisque le territoire du Pape finir au premier Lac qui suit cette poste.

J’arrivai le soir a

Radicofani

ou Msgr. Piccolomini me fit faire un beau present de differentes provisions de bouche. Je couchai dans le Grand Cabaret.

J’entendis le 18. la Messe dans la Chappelle de la maison, dinai a S. Quirico et arrivai le soir d’asses bonne heure à

Sienne

J’y arrivai vers les cinq heures et demi et descendis au Cabaret dei Tre Ré, que le Major qui est allé au devant a loué pour deux jours.

Le C. de Richecour, le Senateur Gori et plusieurs autres de La Noblesse de cette Ville arrivent aussitot.

Le Colonel Holtzaffel qui commande la garrison de cette ville fit poster des grenadiers a ma poste de meme qu’à celle du Cabaret avec un detachement.

Le Marquis de Salviati vint aussi demander chez moi comme Commendant des trouppes du Grand Duc dans le petit fort et on me pria de donner la parole mais je repondis au Commendant de la Place de La donner aussi qu’il est ici d’usage.

S.A. Rle. Msgr. le Grand Duc m’ayant fait offrir tout le traitement par Ses etats par le C. de Richecour comme il l’avoit deja fait par le C. Spada à Rome je lui remerciai et n’acceptai autre chose que les Carosses. Tout le monde etant partir je soupai comme de coutume et allai dormir.

Le. 19e. Je me levai a neuf heures du matin et recus quelque tems apres le monde qui se trouve dans mon antichambre. Il y eut le C. de Richecour avec une grande partie de ceux qui avoient été ici hier savoir le fils du Prince de Craon le Senateur etc.

Le Magistrat de Sienne deputa quatre membres pour me feliciter sur mon heureuse arriver et je les vis le meme matin.

Le Seminaristes du College Tolomei furent aussi chez mois c’est a dire ils envoyerent quelques uns de leurs Academiciens comme aussi Don Lorenzo, Don Marcantonio et Don Pietro Colonna fils du Connetable lesquels sont venus expressement de la Villegiatura pour me voir.

Apres avoir congedié les Cavaliers je fut au Dome Daume qui est une des plus belles eglises de toute L’Italie. J’en ferai ici une petite description ou je remarquerai pour dire mieux ce qu’il y a de plus remarquable.

La façade est à La Gotique toute des differens marbres fort beaux et tres bien ornée de magnifiques bas reliefs et de plu pleine belle pieces de Sculpture d’un gout nou tres [illegible]. Le Clocher et [sic] fort haut et tout droit de marbre blanc et noir mais les pieces sont si egales que cela est fait un tres bel effet.

Les Colonnes de L’Eglise sont de meme que le Clocher de marbres blanc et noir mais

et celles laterales sont d’un autre manieres c’est a dire que les pieces sont plus de marbres sont en plus grande nombre quoique du cela ne fasse point de mauvais effet et qu’au contraire cela cause une varieté tres agreable.

À Chaque Colonne au milieu il y a une Statue d’un des douze Apotres. Au Cornichon à La place_?_ il y a les bustes des Papes qui on veuu jus’qu à ce qu’on commenca le Daume.

Au dessus des l’Autel maitre Autel il y a Jesus Christ et puis les autres Papes.

Plus avant on voit les Statues des Principaux Protecteurs de La Ville de metal d’oré dont les reliques sont sur le Maitre Autel qui est en grande partie de bronze de meme que les quatorze Anges qui tiennent des Sierges lesquesl brulent continuellement.

Ce qu’il y a de plus remarquable dans cette Eglise en fait de batiment est en premier lieu la Cupole et le plafon tout d’Azur avec de fleures d’or et en deuxieme lieu le pavie qui represente diverses histoires de L’Ancien testament, d’un dessein infiniment acheve et dont les ombres sont merveilleuses. /: Voyes tous cela dans les Estempes que il Sigr. Cosati Gentilhomme de Sienne me presenta le meme jour :/ On voit aussi dans ce Daume la Chaire de bois sur la quelle St. Bernardin de Sienne a preché.

Puis il y a une espece de pupitre sur le quel on lit l’Evangile qui est d’un tres grand travail en Bas reliefs et Sculptures et qui est soutenu par diverses Colonnes de marbre et autres pierres dures dessou le quelles on voit des grands Lions qui soutienent toute cette machine. Les Chappelles les plus renommées de cette Eglise sont celle de Notre Dame qui est a la droit vers le milieu de l’Eglise quand on entre en la quelle on voit un Image de la Tres Ste. Vierge tenant l’Enfant Jesus entre ses bras au cot à la droite il y a un beau tableau de Carlo Maratta de meme qu’a la gauche celui-ci represente la Visitation, et celui Là la fuite en Egypte.

Les deux plus belles Statuës de ce Daume sont du Bernini et se trouver dans cette Chappelle l’une qui est à la droite represente St. Girôme l’autre qui est à gauche represente la Madelaine. Vis a vis de la Chappelle dont nous avons parlé en dernier lieu il y a en a une autre savoir d celle de St. Jean Baptiste en laquelle il on ne voit rien de remarquable si ce n’est le Bras de ce St. Voici tout ce qu’on peut remarquer en raccourci de ce beau batiment dont la façade et coupole est fort bien gravée et ce fut le susdit Mr. Cosati qui me presenta ces estempes.

La Tete de Ste. Catherine de Sienne est conservée toute incorrupte à L’Eglise de S. Dominique ou L’on voit aussi un de ses doigts ou pour mieux dire un de Ses pouces. Celui-ci est conservé dans la Sacrestie de meme que les Livres que cette Ste. a dicté.

L’Eglise est fort antique mais tres mal tenuë.

A quelques pas de cette Eglise on voit certaines Capelles qui etoient autrefois la maison de la Ste. en laquelle Elle eut L’apparition de L’Enfant Jesus qui L’y epousa.

Je dis au retour mon Chappellet, et reçus un fort grand nombre de Cavaliers entre lesquelles le Cte. de Richecours L’Auditeur General Ventura, le Coll. Holtzapffel et plusieurs autres.

Je soupai le Soir comme d’ordinaire.

le 20e. Oct: Le C. de Richecours, le Duc de Beauveau fils du Prince de Craon, l’Auditeur General Ventura, Milor Stafort et plusieurs autres vinrent le matin prendre congé de moy.

J’entendis la Messe al Gesù College des Jesuites en cette Ville ou les fils du Conetable S’etoient rendu pour me voir avant mon depart.

Je din partis vers les huit 7. heures de Sienne et allames à Pogibonzi ou nous restames a diner.

Nous Couchames le meme jour à

San Romano

dans le Couvent des R.P. Franciscains ou le Cape. Bülow l’etoit rendu par ordres du Gl. Wachtendong pour m’offrir tous les honneurs militaires tant à Pise qu’a Livorne et tout autre endroit ou il y auroit de trouppes Imperiales ce que je n’acceptai point. Le Major etant venu casuellement ici à S. Romano soupa avec nous de meme que le Cape. Son Cousin Germain.

le 21e. Ayant entendu la Messe dans L’Eglise du Couvent dans lequel nous avions passé la nuit je partis de San Romano ver le sept heures du matin.

Je dinai a Pise ou je fus reçus par le C. Pecori qui est gouverneur de la part du Grand Duc en cette ville.

Les deputes de La ville de Pise vinrent me feliciter sur mon heureuse arrivée de meme que les Officiers de la garnison qui est neuf compagnies de Curasscers et le Regt. de Hilbourgshausen tout entier Un detachement d’environ 30. hommes firent la garde à la maison ou j’etois defundu.

Le General Wachtendong vint peu apres me voir en personne et aussi tot qui fut sorti de chez moi il repartit aussi tôt pour Livourne.

Le Marquis Silva Consul d’Espagne en la susmentionnée ville et neveu de La Marquise Silva Sigra. Di Onor de la Reine ma Sœur, vint ici expres pour me faire ses Compli se presenter à moi.

Le C. Pecori et le Chevr: Del Borgo qui est le premier deputé que la ville m’a envoyé dinerent a ma table comme aussi tous ceux qui y ont mangé ci devant.* [margin: * le C. Pecori me fit voir en passant aupres du Canal une machine avec la quelle on peu faire passer d’un coté ou d’autre des vaisseaux tout charges.]

Je partis vers les trois heures de Pise et J’arrivai le soir vers les six à Livourne ou Ligourne.

Map of Livorno
Map of Livorno

Le Gl. Wachtendong, le Gl. Caponi Commendant des trouppes de S.A.Rle. le Grand Duc le Consul de France, et d’Espagne, le Chevr. Rosselmini Ecuïer que le Grand Duc a envoié ici avec les attelages pour me servir dans les endroits de Ses Etats ou je m’arreterois.* [margin: * furent a mon arrivée dans mon se trouverent à mon arrivée a L’Autel Royal ou je logeai.] Le Prince du Le St. Martino frere du Prince Pamfili se presente aussi le meme Soir.

Le Gl. Wachtendong m’invita apres que je fus rentré dans ma Chambre au lit de venir diner chez lui le lendemain et me proposa les Choses plus remarquables que je pourrois voir le tant le matin que L’apres midi du jour suivant aussi bien que le matin du 23e. d.c. ce que j’acceptai.

Le Gl. Caponi me pria ensuite de vouloir venir chez lui le lendemain au Soir puisqu’il voudroit me donner une assemblée a quoi je consentis.

Il Sigr. Piti Proveditor Genle. delle Dogane vint aussi m’offrir Ses Services en cas de besoin.

Je soupai avec les personnes accoutumées et il y eut de plus le Cape. Bülow, et le Lieutenant de garde.

le 22e. Oct. m’etant levé a Sept heures du matin et le R.P. Confesseur ayant ecouté les leçons de ce jours passés, je sortis apres que le Gl. Wachtendong et plusieurs autres été chez moi pour aller entendre la Messe au Daume qui est une Eglise fort antique mais elle n’est pas si remarquable que le Daume de Sienne n’y ayant que quelques connes peintures.

Mr. le Gl. nous conduisimes ensuite al Bagno qui est L’endroi ou se tiennent les forçats et les esp esclaves qu du GrandDuc.

Le Chevr. Azzi nous fit voir le lieu et la maniere com delaquelle les gens dorment, d’ou nous passames à l’Eglise del Bagno dont les pauvres Capuccins ont Soin, et ils la tiennent si propre qu’on ne diroit jamis que c’est L’Eglise des Galeres. Un de ceux ci ayant crié que il ne lui manquoient que six scudi pour se delivrer de la Galere je lui les fis paies au le consentement du Commendant des Galeres. C’est le Chevr. Azzi qui a cette charge, et q ce fut aussi Lui qui fit delivrer plusieurs forçats du poids des grosses Chaines dont il sont liés.

Nous fumes en sortant du Bagno aux Magazins de Blé et de farine qui est un tres beau batiment en lequel il faut qu’il y ait toujours une année davance tant de blé que de farine selon l’Institution que ceux de la Maison de Medicis ont faites pour les susdits magazins. Le Blé et la farine que l’on y conserve ne sert que uniquement pour la Ville de Livourne et ses environs.

Le plus remarquable de tous les magazins de cette ville est celui des huiles dans lequel entre 25 mille bariles. Il y a de chaque côté un rang de reservoir dont les autres maitres marchand ont eux meme la Clef.

Ils sont sur qu’il ne peut y avoir aucun melange et qu’ils n’y peuvent rien perdre. C’est une chose qui est tres considerable et qui merite d’etre vû.

De là nous entrames dans la boutique d’un Marchand Anglois nommé Pop ou je n’achetai rien pas que je n’y trouvai aucune galanterie, n’y ayant que des tabattieres de porcellaine de Saxe qu’on trouve beaucoup meilleurs marché chez nous. Il y a outre cela beaucoup de Services des memes porcellaines, de celles du Japon, des tabattieres d’or et d’argent mais a la vielle mode.

J’entrai aussi dan un boutique d’etoffes qui apartient au marchand nommé Bamani Bonami ou je trouvai une belle etoffe riche que j’achetai avec une piece de velours et une etoffe de soÿe.

Je fis ensuite un tour par Les ramparts de la Ville et m’en revins à L’Autel Royal.

Je me rendis quelque tems apres chez le Gl. Wachtendong ou je dinai avec plusieurs Officiers entre lesquels le Gl. Caponi, le Chevr. Azzi, le Col: de Salain qui commande le Regt. du Grand Duc, le Lieut: Coll. Cavalieri, le Cape. Bülow du Regt. de Hildburgshausen, outre ceux de ma suite.* [margin: * Le Prince de Beauveau, le Gl. Caponi, Milord Stafort, le Chevr. Azzi, le Coll. du Regt. du grand Duc de Salain, Le lieut. Coll. du Regt. de Palavicini de’ Cavalieri, le Cape. de Bülow du Regt. de Hilburgshause et toutes tous les Cavaliers de mon suite le C. Pecori et tous les Cavaliers de ma Suite.]

Apres la table le Gl. Wachtendong nous montra differentes cartes et particulierement une de toute la Toscane qu’il a fait designer tout expres a la plume par des Ingenieurs. Elle est tres exacte mais on y a travaillé une année et demi.

Le Gl. Wachtendong nous proposa ensuite d’aller voir le port de Livourne et il nous y prededa. Ce Port est un des plus beau de l’Europe par Sa pro propreté et il y entre beaucoup de Vess Vaisseau mais de Marchands car ceux de guerre ne vont jusqu’à la Rade. Le Mole est aussi tres beau. On voit de la le fameux ecueil ou les Vaiseau Anglois echoue__ du tems de la Reine Anne la quelle fit apres cela dire au grand Duc que s’il n’y faisoit mettre quelque marque afin que les batimens puisque s’en apercevoir à la venir elle en feroit la depence. Ce fut la dessus que le Grand Duc d’alors fit batir une tour sur celle cet eceuil que L’on nomme Meloria à cause de L’echouement du Vaisseau dont j’ai parle ci dessus. Il y aussi a ce port une belle Statuë de Ferdinand I Grand Duc du Toscane toute de marbre qui tient a sous ses pieds quatre esclaves en chaines qui sont pareillement de marbre et lesquels imitent tres bien le naturel.

On voit du Mole a Coté de La Meloria trois Isle dont la Principale est L’Elba qui est la plus loin eloignée de la Meloria. Le Roi des deux Siciles en possede une partie de meme que le Grand Duc mais la plus grand en partie apartient à la Princesse de Piombino qui est à Rome. L’Isles qui est la plus proche de la Meloria s’appelle la Gorgone Elle est du Grand Duc et c’est une espece d’eceuil tres peu habité. La Capraja qui est celle du milieu apartient au Genois. Elle leur fut donnée en echange lorsque les Pisans etoient en guerre avec eux.

Les Galeres et autres batiments de meme que les petites barques saluerent avec la decharge des canons et mousquettons pendant que nous a je m’aproprenois [?] en portechaise tout du long du port.

L’Arcenal que nous allames voir apres cela n’est rien de remarquable. Aussi le Gl. Wachtendong ne nous le montrat-il que pour gagner le tems pendant que l’on atteloit a six chevaux pour aller deux milles loin de Livourne et voir le Lazaret ou l’on fait la quarantine. C’est un fort grand batiment qui est fort tres bien accomoder pour cette fonction là.

Je fus apres les six heures de retour au logis et reçus apres avoir dit le Chappellet avec le R.P. Confesseur le Chevr. Alfani que Mr. le Prince d’Elbeuf a envoyé ici pour m’inviter à diner chez lui a Sa Maison de Campagne qu’on nomme Lambrogiana d’autant plus qu’elle est dans le chemin que je serai obligé de faire lundi qui vient pour aller de San Romano à Florence.

J’acceptai fort volontiers cette offerte de Mr. le Prince et priai le Chevr. Alfani de assurer* [margin: * Mr. mon Cousin] d’un parfaite estime et consideration de ma part.

Apres que le Gl. Wachtendong fut retourné chez moi il me predeca et nous allames à L’Assemblée que me donna le Soir le Gl. Caponi me donna le Soir. Il y eut du grand monde Me. Piti fit la Maitresse du logis. Au reste il y eurent les femmes des deux Consuls de France et d’Anglettere plusieurs femmes d’Officiers d’Auditeurs et des plus riches marchands.

Je jouai ensuite alle Minchiate, avec Me. Piti, une femme d’Auditeur et Don Orazio. Le Gl. Caponi ayant dit que tout etoit aussi preparé pour un petit bal les on se mit à dancer.

J’y restai pendant quelque tems et revins vers les 9. heures passés au Logis.

J’y soupai avec Mr. le GrandMaitre Don Orazio, et le Cape. Bülow.

Le C. Brühl soupai chez Gl. Wachtendong et le R.P. Confesseur au College des Jesuites.

J’allai vers les onze heures a dormir.

le 23e. Oct. Le Gl. Wachtendong s’etant trouvé incommode le soir d’auparavant au retour du bal envoya le Lieut. Coll: de Cavalieri me faire ses excuses de ce qu’il ne pouvait pas venir en personne chez moi et qu’il me fit en meme tems demander si j’etois encore d’intention de voir pass defiler la garnison. Sur quoi je fis repondre au Gl. par le susdit Officier que le tems etant fort mauvais et qu’il a faisoit un grand vent je ne voulois plus donner cette incommodité aux trouppes craignant que cet air rigide pourroit aussi me faire du dommage à ma propre Santé, et que j’etois tres touche de ce que Mr. de Wachtendong avoit eu eu une incommodé contre laquelle il avoit été oblige de prendre aussi tot medecine.

Apres avoir renvoyé la reponse le Gl. Caponi et plusieurs autres Officiers et Cavaliers vinrent me voir. Le Gl. Caponi me pria de lui donner la parole ainsi que je L’avois donné le sousprecedant au Gl. Wachtendong ce que je pus point lui refuser.

Ils allerent presque tous m’accompagner à l’Eglise des Peres Jesuite ou j’entendis la messe a L’Autel ou l’on avoit mis une Image de mon St. Patron.

Nous allames de là chez le Juif Franco grand negotient de Coralles pour voir toute la maneuvre de laquelle on se sert pour les traval travailler. Je vis tout cela avec grand plaisir et le Juif me presenta des coralles de la plue belle sorte, car il y en a pour le moins dix differentes. On Un homme envoyé par le Gl. Wachtendong me montra une bibliotheque, une Apotiquererie, et le Portrait du Grand Duc d’aujourdhui dans des boutailles bouteilles.

J’allai de là voir des reservoirs de blé dessous terre dont un etoit rempli et L’autre point. Le Gl. Wachtendong m’a fait voir le jour precedant la maniere dont on les profondeur de ses ces troux qu’on appelle en Italien Buche mais au cette fois j’ai vû comment on conserve le blé.

On met le ble dans une de ces Buche et apres l’Avoir bien pressé on met de la paille par dessus et l’on ferme ensuite le troux avec de la terre.

Je dinai chez le Marquis Silva Consul d’Espagne en Compagnie du Gl. Caponi, du Prince de Beauveau, de Milor Stafort, du Cavr. Azzi, de Mr. de Cavalieri, de Mr. de Salain, du Cape. de Bülow, du Consul de France, de celui d’Angleterre* [margin: * du Comte de Pecori] et des Cavaliers de ma Suite. Aussi bien le Gl. de Wachtendong que le Marquis de Silva traiterent avec beaucoup de magnificence.

Je partis peu apres de Livourne pour retourner le meme Soir à

Pise.

Ou j’arrivai en une heure et demi de tems c’est a dire apres les Six heures.

Je reçus dabord le Comte Pecori qui m’avoit precedé, le Chevr. Flamminio Del Borgo, le Lieut. Coll. Stribinski de la Cavallerie qui est ici en garnison et beaucoup d’autres Officiers dans L’Infanterie que de Cavallerie.

Je soupai ensuite comme d’ordinaire avec Mr. le GarndMaitre, Don Orzaio, le C. de Bruhl et le R.P. Confesseur. Le Cape. de Bulow s’etant trouvé chez moi quand on alla à table so il soupai avec nous.

Je me couchai ers les neuf heures.

le 24e. Oct: je me levai à six heures du matin et allai vers les neuf voir le daume de cette Ville apres que j’eus recité mes leçons pour au R.P. Confesseur lequel me dit la Messe dans la susmentionée Eglise à l’Autel de St. Ragneri qui et le Protecteur de Pise dont je vis le Corps qui repose derniere l’Autel dans une Urne de metal argenté. L’habit du St. est travaillé par la Princesse Violante. La Chappelle vis a vis de celle dont j’ai parlé à present est celle du Tres Saint Sacrement. Ce qu’il y a de plus remarquable dans celle-ci est que toute la machine du tabernacle qui est soutenu par trois Anges repose sur le seul point du milieu de la base des anges.

Le tabernacle est tout d’Argent et Le reste de l’Autel le sera aussi.

On Conserve dans cette Eglise une grande quantité de reliques les plus insignes. Par exemple Un tres grand morceau de la Croix de N.S.J.C. de la Chemise et du Voile de Nôtre Dame, du Sang qui est sorti miraculeusement d’une Image de la tres Ste. Vierge et beaucoup d’Autres. On y conserve outre cela une Image de La tres Ste. Vierge qu’on n’a jamais eu la hardiesse de decouvrir.

Il Campo Sa Il y aussi beaucoup de beau tableaux de divers excellens maitres comme aussi une grande quantité de Colonnes dont on ne voit les pareilles en aucune Autre Ville d’Italie exepté a Rome. L’Escalier de la Chaire est tres curieusement construit à l’entour d’une Colonne.

Il Campo Santo est un tre grand et beau batiment tout plein de colonnes de marbre fort menuës mais tirées au Cordon.

Il est aussi rempli de peintures à Fresque de differens bons peintres et meme de quelque uns fort antique. On y conserve une certaine terre qui a ce qu’on dit consume les cadavres en 24. heures de tems on l’appelle La terra Santa.

Il y a dans ce meme Campo Santo une Chappelle dans laquelle on dit de Messes pour les defunds tous les jours de l’Année excepté La premiere fete de Pâque, la premiere de Pentecôte, la premiere de Noël, et celle du Corpus Domini. Presque toutes les familles nobiles de cette Ville y on leur sepulture.

Le Bâti Bâptistere est tout pres entre le susdit campo Santo et le daume. Il est tout rempli des belles Colonnes de Porphire marbre et autre pierre dures. On y voir un double font de Bâpteme c’est a dire celui dont on se sert communement et celui dont on se servoit autrefois lorsqu’on baptisoit Per immersionem.

Il y a dans ce Bâptistere une Chaire semblable a celle de Sienne toute ornée de bas reliefs mais de beaucoup mieux achevée que celle de Sienne quoiqu’elle soit du meme maitre. Elle est si finement travaillée que les flambeaux transparoissent.

Il y a double voute et entre la premiere et la plus haut un apartement de huit chambres fort grandes.

Tous ces trois batimens dont j’ai parlé ne sont rien en fait debatiment et de magnificence en comparaison de la tour don du Clocher qui est toute de marbre tant au dehors qu’au dedans depuis les fondemens jusqu’a la pointe et qui se soutient à force d’art selon moi malgré qu’elle panché 7. bras et d 2/3 de Pise. On peut lire l’exp une explication plus exacte et ample dans le Livre Latin fait en qui fait une description fort longue de ces quatre edifices et on y en voit aussi les plains et estempes. Les Chanoins me le presenterent le meme matin.

Je dinai comme ces jours passes avec Mr. le GrandMaitre, le C. de Brühl, le R.P. Confesseur et le Cape. de Bülow.

La Cavallerie et L’Infanterie qui se trouve ici a Pise defiler dessous mes fenêtres.

La Cavallerie Consiste en G. Comp: du Regt. du Gl. Belichingen et L’Infanterie est du Regt. du Prince Hilburshausen. Tant ceux que ceux là sont de tres belles trouppes.

Le P: Grandi Camaldule Professeur de Mathematique, Le P. Don Claudio Camaldule Professeur de Philosophie, le P. Politi Piarum Scholarum Professeur des belles lettres, Le Docteur Gotti } Prof: de Med., Le Docteur Volani }Prof: de Med. et Le Chevr. Flaminio dal Borgo Professeur de loix furent avant que chez moi avant que les trouppes defilassent. Je fis appeller le R.P. Confesseur vers les cinq heures du Soir nous dimes le Chappellet ensemble et Je me lut apres cela le Manifeste que L’Empereur a publié contre le FeldMarechal C. de Vallis et le Gl. C. de Neuperg.

Le Chevr. Giovanni dal Borgo pere du Chevr. Flaminio ayant donné une assemblée au Roi mon Pere lorsqu’Il passa par fut à à Pise m’en donnai une le Soir le meme Soir. Je jouai chez lui avec Me: Arnaldi et Me. Pini et Don Orazio. Je fus recus au carosse par les Chevrs. Giovanni et Flaminio dal Borgo et à la porte des apartemens par L’Epouse et la Mere de ce dernier Elles Ils m’accompagnerent de meme quand je partis. Il y eut environ 16. ou 20. Dames. Je Soupai au retour avec Mr. le GrandMaitre, Don Orazio /: qui dine et Soupe toujours avec nous :/ le C. de Bruhl et le R.P. Confesseur.

le 25e. Oct: Je sort Le R.P. Confesseur vint le matin chez moi. Il ecouta la leçon et parla longtems avec moi jusqu’à ce que je sortis pour entendre la Messe à l’Eglise des Chev: de l’Ordre de St. Etienne.

Cette Eglise est tres jolie et plein d’etandars que le Chevrs. ont pris aux Turcs.

Ce qu’il y a de plus beau et magnifique est le maitre Autel puisqu’il est tout de porphire. On conserve sur le meme la Chaire de St. Etienne. Il n’y a aucun Autel aussi magnifique et aussi beau que celui-ci à Rome.

J’allai de Là a L’Arsenal ou je vis une Galere qu’on a presque finis mais on doute fort qu’on là mel l’arme j’amais.

Le C. Pecori et le Chevr. Flaminio dal Borgo furent ceux qui allerent au retour en carosse avec moi l’un en allant à l’Eglise et L’Autre au retour.

Je dinai avec Don Orazio, Mr. le GrandMaitre le C. de Bruhl, le R.P. Confesseur et le Cape. de Bülow.

Je partis aussi-tôt apres la table pour San Romano apres que le C. Pecori, le Chevr. Flamino dal Borgo et tous les autres deputes eurent pris congé de moi pour

San Romano

Ou j’arrivai de fort bonne heure*. [margin: * Le Marquis Suarez General des postes de florence s’etant rendu ici soupa avec moi.] Je logeai dans le Convent des Peres Franciscains ou j’avois deja demeuré la fois precedente. J’en repartis

le 26. Oct. vers les neuf heures passés apres avoir entendu la Messe à la Chappelle du Noviciat et arrivai vers midi à L’Ambrogiana.

Le Prince d’Elbeuf me reçu au Carosses et me donna lui meme le bras pour en descendre et me conduisit aussi-tot dans les apartement à plein pieds ou je me mis à parler avec Lui le traitai de de Mr. mon Cousin et de Votre altesse.

Il y eut ici J’allai avec Lui voir le Couvent des Peres Franciscains Espagnols dont Fra Giuseppe Confesseur du Roi mon Beau frere qui est à present Archeveque fut premierement Prieur.

Le Couvent est assés beau et ce sont les Grand Ducs qui l’entretiennment entierement car c’est à cette condition que la maison de Medici le fondat.

Il y a un de ces Pere qu’on nomme ici Scaccia diavoli a cause d’une puissance supreme qu’il doit avois sur les demons.

Il y eut grand monde à diner et les principaux furent le Prince Craon, le C. Richecours, le Gl. Breittnitz Commendant en Chef des Trouppes du grand Duc, le Senateur Acciapoli, plusieurs autres senateur et cavaliers. Je partis d’abord apres la table. Les Carosses du grand Duc m’attenderent hors des postes de

Florence.

J’y arrivai heureusement le soir du 26. Oct. et il y eut dabord une grande foule de Ministres Officiers et Cavaliers no. J’en nommerai les principaux savoir: Le Prince de Craon, le C: de Richecours, le Grand Prieur del Bene GrandPrieur de l’Ordre de Malthe et grand Maitre de la maison de S.A.Rle. Msgr. le Grand Duc. Il est âgé de 88. ans. Le Marquis de Ranoncini ministre de la Regence dont le Prince de Craon est President. Ce Prince est outre cela Grand Ecuïer de S.A.Rle. le Grand Duc. Le C. de Richecours est President des finances et membre du Conseil de la Regence. Le Marquis Ranoncini outre ce qu’il est aussi Lui membre du susdit Conseil de la Regence est aussi celui en lequel Me. l’Electrice Douainere Palatine à le plus de Confience. Cette Princesse est actuellement à Sa retraite qu’elle a coutume de faire a un decroit appelle La Quiete à quelque mile d’ici, mis on dit qu’Elle retourneroit avant la Tout-Saint en Ville.

Outre ces Mrs. que j’ai nommé il y eut le Prince de Beauveau, le Primat Son frere et une infinité d’autres.

Le Chevr. Torregiani, le marquis de Caponi maitre de la maison ou je loge et L’Ecurie et Chambellan Rosselmini souperent à ma table.”